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Police-Justice

Le combat d'un agriculteur pour faire reconnaître son cancer lié aux pesticides

La cour d'appel de Metz étudie le dossier de cet agriculteur, malade des pesticides, qui se bat pour que soit reconnue la responsabilité des fabricants.

A 58 ans, dont 40 comme agriculteur, Dominique Marchal est le premier exploitant dont le cancer a été reconnu maladie professionnelle. Ce jeudi, le dossier de l'agriculteur installé en Meurthe-et-Moselle, se retrouvera devant la cour d'appel de Metz, après le tribunal d'Epinal, la cour d'appel de Nancy et la Cour de cassation. L'enjeu: déterminer qui est le responsable pénal de sa maladie.

"Je voudrais que les agriculteurs prennent conscience des risques et se protègent mieux qu'ils ne le font à l'heure actuelle", a déclaré l'agriculteur au micro de BFMTV.

"Il y a eu des erreurs de commises, on connaît les coupables. Aujourd'hui des victimes voudraient réparation du préjudice, et au travers de mon combat c'est ce que l'on tente de faire", a-t-il expliqué.

Dominique Marchal a entamé son "parcours du combattant" en 2002 quand sa maladie - un syndrome myéloprolifératif - a été diagnostiquée. Cette maladie est caractérisée par une production anormale, d'allure cancéreuse, de certains types de cellules sanguines dans la moelle osseuse.

Dès les premières analyses sanguines, son épouse est persuadée que les produits utilisés à la ferme ont quelque chose à voir là-dedans. "Je ne supportais plus l'odeur des produits. Je sentais physiquement qu'il en était imbibé", raconte cette petite-fille d'agriculteurs.

Il leur a d'abord fallu quatre années pour faire reconnaître la maladie professionnelle devant le tribunal des affaires sociales d'Epinal et prouver que le cancer était lié à du benzène contenu dans des produits utilisés à la ferme, sans qu'il en soit fait mention sur l'étiquette.

Un jugement qui peut faire jurisprudence

Quatre ans plus tard, en 2010, les Marchal rencontrent, lors d'un week-end en Charente Paul François, un céréalier lui aussi malade, et d'autres agriculteurs avec lesquels il créera l'association Phytovictimes, dont il est aujourd'hui vice-président, et François Lafforgue, qui deviendra leur avocat. 

Dominique Marchal se tourne alors vers la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (Civi) qui condamne le fonds de garantie des victimes d'infractions à le dédommager. Confirmée en appel à Nancy un an plus tard, la décision a finalement été cassée en 2015 par la Cour de cassation.

Le jugement, qui sera rendu dans plusieurs semaines, revêt une importance particulière car il pourrait faire jurisprudence pour de nombreux agriculteurs malades.

A. D. avec AFP