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Police-Justice

"La victime, c'était moi": accusé à tort de viol pendant 24 ans, Farid El Haïry raconte son calvaire

Alors que la Cour de révision étudie une possible annulation du verdict rendu en 2003 par la cour d'assises, Farid El Haïry se bat pour que son honneur soit lavé.

"Il est temps que la justice reconnaisse que je suis innocent", a lancé ce jeudi soir sur BFMTV Farid El Haïry. Il avait été condamné il y a près de vingt ans pour le viol d'une mineure qui a depuis reconnu avoir menti.

C'est pourquoi il a demandé jeudi à la Cour de révision de lui "rendre sa dignité" en annulant le verdict rendu en 2003 par la cour d'assises du Nord, "pour laver l'honneur" de sa famille. "Ils n’ont jamais douté de moi", a-t-il rappelé.

Farid El Haïry est revenu sur les premiers moments de l'enquête, vingt-quatre ans auparavant. Alors qu'il détenait un alibi (il était en vacances au Maroc, NDLR), le jeune homme de 17 ans à l'époque avait "l'impression d'être le client idéal" pour la gendarmerie.

"L'accusation contre Farid El Haïry n'est basée que sur un propos (de la plaignante, NDLR) et une petite connotation raciste", a déploré Maître Frank Berton, son avocat.

"J'aurais pu mettre fin à ma vie"

Viennent ensuite des années d'incarcération, puis de pointages annuels à la gendarmerie, avec, sans cesse, cette stigmatisation d'être "un violeur, un pointeur".

"J’aurais pu mettre fin à ma vie. J’ai vécu avec ce fardeau. À cette époque, au fond de moi, je suis très malheureux [...] Je suis décédé en 2003", a-t-il confié.

Mis en délibéré, l'arrêt de la Cour de révision sera rendu le 15 décembre. "La justice n’aime pas reconnaître ses erreurs [...] C’est important de montrer les dégâts que peut causer la justice", a souhaité rappeler Frank Berton qui espère que l'annulation ne sera pas renvoyée devant une cour d'assises mais directement actée par la Cour de révision.

Farid El Haïry pourrait devenir le douzième condamné aux assises reconnu comme victime d'erreur judiciaire depuis 1945.

Théo Putavy