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Police-Justice

La "veuve noire de l'Isère" Manuela Gonzalez remise en liberté

Dix-sept mois après sa demande d'appel, Manuela Gonzalez, surnommée "la veuve noire de l'Isère" après les accidents plusieurs fois mortels dont avaient été victimes cinq de ses maris, n'avait toujours pas obtenu de nouvelle date d'audience. Son avocat a obtenu sa remise en liberté.

L'affaire relance le débat sur l'engorgement des tribunaux. La cour d'appel de Grenoble a libéré lundi Manuela Gonzalez, condamnée en 2014 à 30 ans de réclusion, jugeant trop long son délai de jugement en appel. La quinquagénaire était en détention provisoire depuis le 25 mars 2010, et aucune date n'avait été fixée depuis 2014 pour son nouveau procès.

Cinq maris victimes d'accidents

Manuela Gonzalez, surnommée la "veuve noire de l'Isère", avait été condamnée pour l'assassinat de son mari, retrouvé calciné le 31 octobre 2008 au matin, sur la banquette arrière de son véhicule incendié, non loin de sa maison de Villard-Bonnot, en Isère, dans la vallée du Grésivaudan. Rapidement, l'enquête avait conclu à un incendie volontaire. Les analyses toxicologiques avaient révélé la présence de trois somnifères différents dans le sang de la victime.

Avant lui, quatre autres maris de l'accusée avaient subi des intoxications suspectes: deux d'entre eux avaient été hospitalisés dans un état grave, deux autres étaient morts. Et un mois avant le drame, M. Cano avait déjà failli mourir dans un incendie survenu dans la chambre conjugale, la faute à une bougie que le chien de la maison aurait fait tomber.

Cinq ans et trois mois de détention provisoire

Faute de recevoir une date d'audience pour le nouveau procès d'assises, Me Gallo a déposé une demande de remise en liberté de sa cliente le 22 juillet, en estimant que le délai raisonnable pour être jugé avait été dépassé au regard de la Convention européenne des droits de l'homme (Cedh). La cour d'appel de Grenoble lui a donné raison lundi en ordonnant la libération de sa cliente, qui était incarcérée à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas.

"Quand on fait appel, la décision de première instance n'existe plus juridiquement. Ma cliente était donc présumée innocente et était considérée comme étant en détention provisoire", a expliqué Me Gallo à l'AFP. "La détention provisoire durait donc depuis cinq ans et trois mois", a-t-il souligné, précisant avoir invoqué à l'audience une jurisprudence de la Cour de cassation de juin 2015.

Cour d'assises saturée

Il s'était écoulé dix-sept mois depuis l'appel, sans qu'aucune date ne soit fixée pour le nouveau procès, qui ne devrait pas intervenir avant la mi-2016 "au plus tôt", selon le parquet général. "On a une cour d'assises saturée en ce moment", a-t-on expliqué de même source.

Un procès de six semaines attend en effet la cour d'assises de l'Isère à partir du 2 novembre: celui du meurtre des jeunes Kevin et Sofiane lors d'une rixe à Échirolles en septembre 2012. A lui seul, ce procès à forte résonance médiatique monopolise deux sessions d'assises.

la rédaction avec AFP