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Police-Justice

La sécurité de la communauté juive sera renforcée

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Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a annoncé mardi un renforcement des mesures de protection de la communauté juive et de prévention de l'antisémitisme, après l'agression ce week-end de 3 adolescents portant la kippa.

Le ministre de l'Intérieur a annoncé mardi un renforcement des mesures de protection de la communauté juive et de prévention de l'antisémitisme après une agression ce week-end dans la banlieue lyonnaise, qui fait suite à une recrudescence d'actes violents.
Manuel Valls a ainsi décidé de «débloquer des budgets supplémentaires» afin d'assurer la sécurité dans les écoles juives et dans les lieux du culte, ont rapporté les responsables de la communauté à l'issue d'une réunion place Beauvau.
Le ministre a «décidé d'organiser une conférence interministérielle pour traiter de ces questions», a précisé Meyer Habib, vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
«Au-delà de l'immense inquiétude qui existe dans la communauté juive de France, et dans la communauté nationale après les attentats de Toulouse, et après ce qui s'est passé à Villeurbanne, nous avons été rassurés», a-t-il dit aux journalistes.

Une multiplication des agressions antisémites

Les associations dénoncent une recrudescence des agressions antisémites depuis l'assassinat en mars dernier de quatre personnes devant une école juive de Toulouse par le «djihadiste» français Mohamed Merah.
Les milieux politiques et religieux ont exprimé leur indignation après l'attaque à coups de marteau et de barres de fer de trois adolescents portant la kippa le week-end dernier à Villeurbanne, près de Lyon. Tous trois ont été blessés.
Selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), 43 actions violentes et 105 menaces ont été comptabilisées du 19 mars 2012, date de la tuerie de Toulouse, au 30 avril 2012, soit un total de 148 actes, contre 68 l'an dernier à la même époque.
«On aurait voulu que ça s'arrête avec Merah. Mais [l'antisémitisme est] une réalité qui semble s'installer dans notre pays», a déploré Joël Mergui, président du Consistoire central.

Davantage de pédagogie

Les associations, qui y voient une conséquence du climat créé par l'affaire Merah, réclament, au-delà des mesures de sécurité, «plus de prévention et plus d'éducation».
«On ne pourra pas mettre un policier derrière chaque juif», a dit le grand rabbin de Lyon Richard Wertenschlag, qui prône une éducation accrue de la jeunesse. «Il faut des mesures pédagogiques, une instruction civique qui soit véritablement programmée», a-t-il ajouté.
Dénonçant une «banalisation» de l'antisémitisme, Jonathan Hayoun, président de l'Union des étudiants juifs de France, a lui aussi réclamé un renforcement de la pédagogie, en particulier à travers l'Education nationale. «Les paroles sont venues, fermes et justes, mais on attend des actions, notamment au niveau local», a-t-il dit.

Libération de la parole raciste

Prié de dire s'il était rassuré par les engagements du ministre de l'Intérieur, Richard Wertenschlag a répondu: «En tout cas, nous avons des garanties que tout sera fait pour essayer de garantir la sécurité de nos concitoyens juifs».
Dans le Monde, daté du 6 juin, Ariel Goldmann, autre vice-président du Crif et avocat de familles de victimes du tueur de l'école juive de Toulouse, appelle les pouvoirs publics à tout mettre en ouvre pour combattre «le seuil incompressible de 300 actes annuels» constaté en France.
Il dénonce en particulier une «libération de la parole» et met en cause, comme les autres responsables, un antisémitisme caché sous la forme de critiques violentes contre Israël.
«Une réflexion est nécessaire sur l'éducation, mais aussi sur l'application des lois, la prévention et la répression de ces actes», dit-il.
Il prône la réactivation d'un comité interministériel de lutte contre l'antisémitisme, comprenant des éducateurs, des juristes et des policiers.

La Rédaction avec Reuters