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Police-Justice

La police traque le tueur «à la caméra»

FUSILLADE À TOULOUSE

FUSILLADE À TOULOUSE - -

Une gigantesque chasse à l'homme se poursuit mardi dans toute la France et sur internet pour retrouver l'auteur des fusillades de Toulouse et Montauban. La police dit redouter un nouveau crime et a déployé un dispositif exceptionnel.

Une gigantesque chasse à l'homme se poursuit mardi dans toute la France et sur internet pour retrouver l'auteur des meurtres de trois soldats d'origine maghrébine, d'un rabbin et de trois enfants juifs qui aurait filmé ses crimes et risque de récidiver. Sous la direction de magistrats antiterroristes, plusieurs centaines d'enquêteurs explorent les fichiers, mènent des interrogatoires et explorent les détails des trois équipées meurtrières de l'homme casqué, qui se déplace en scooter et utilise au moins deux armes, dont un pistolet de calibre 11.43.

«Jamais vu ça en 30 ans de carrière»

Dans la région Sud-Ouest placée sous surveillance avec le dispositif « Vigipirate écarlate », sans précédent en France, la police dit redouter un nouveau crime. « Ce qui serait étonnant, c'est qu'il s'arrête », a dit à Reuters un policier qui participe à l'enquête, d'autant que l'auteur des faits pourrait vouloir médiatiser ses actes. Gilles Rouziès, secrétaire zonal adjoint du syndicat policier Alliance, souligne que « tous les services opérationnels sont mobilisés, on a supprimé toutes les demandes de congés et on a rappelé du monde » afin d'occuper les points stratégiques comme les lieux de culte, les écoles, les gares et les métros. « Personnellement, en 30 ans de carrière, je n'avais jamais vu ça, c'est le summum », a-t-il dit. « On ne sait pas grand-chose. Le tueur a fait bien attention à ne pas laisser d'empreintes, à ne pas laisser de traces ADN. Mais s'il continue (ses agissements), il peut faire une erreur », a expliqué une autre source proche de l'enquête.

Internet sous surveillance

Quand il a fait feu froidement et à bout portant sur les enfants, le tueur disposait à l'école juive d'une petite caméra autour du cou, selon un témoin cité mardi par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. « C'est un appareil d'enregistrement de vue, qui se place sur la poitrine, qui est ajusté par des sangles et on l'a vu, un témoin l'a dit, avec cet appareil », a-t-il dit à la presse. Il est possible que le tueur ait aussi enregistré le crime de Montauban avec une caméra placée cette fois, selon des témoins, sur son casque. Un policier spécialisé dans l'informatique surveille d'ores et déjà internet pour une éventuelle apparition des images, dit une source policière.
D'une manière générale, les magistrats et les policiers sont cependant très prudents et plutôt déroutés par ce type de tueur jamais rencontré dans les annales criminelles françaises.

3 anciens paras mis hors de cause

Les enquêteurs ont déjà interrogé et mis hors de cause les trois anciens membres de l'unité parachutiste de Montauban chassés de l'armée en 2008 pour s'être pris en photo devant un drapeau nazi en faisant le salut hitlérien. Les militaires tués jeudi dernier appartenaient à cette même unité. "Les trois sont hors de cause", a déclaré une source policière, qui a précisé que l'un d'entre eux avait été entendu la semaine dernière, les deux autres ayant été interrogés dans la nuit de lundi à mardi.

La police a consulté plusieurs clubs de tir et fait le tour des armuriers de la région pour tenter de remonter la piste du 11.43 dont les enquêteurs détiennent un chargeur abandonné sur une scène de crime par le tueur. Ils suivent aussi la piste du ou des scooters de forte cylindrée utilisés par le tueur. Celui dont il disposait pour les militaires était noir et celui de l'école juive blanc. Mais Claude Guéant n'a pas exclu qu'il s'agisse du même deux-roues, qui "a pu être transformé".

Les enquêteurs accumulent par ailleurs les témoignages oculaires des crimes qui semblent cependant imprécis et divergents. Selon ceux qui ont vu l'enregistrement de la tuerie de lundi, l'homme est "athlétique". Tous disent qu'il a semblé calme et déterminé en assassinant ses victimes. Une femme a déclaré, plusieurs jours après la tuerie de Montauban, avoir vu fugitivement son visage et aperçu une cicatrice ou un tatouage, mais cette déposition est prise avec prudence par les enquêteurs.

La rédaction avec Reuters