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Police-Justice

La police nationale est-elle machiste ?

« Dans ma promotion, on était 1600 dont 800 femmes », précise un policer de 29 ans, défendant sa profession, ce mardi en direct sur RMC.

« Dans ma promotion, on était 1600 dont 800 femmes », précise un policer de 29 ans, défendant sa profession, ce mardi en direct sur RMC. - -

En France, il y a 60% de femmes dans la fonction publique. Mais seulement 33% au ministère de l'Intérieur. Et d’après une étude du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), les femmes sont beaucoup moins nombreuses à accéder aux postes à responsabilités.

La fonction publique est féminisée à près de 60%, mais le ministère de l'Intérieur présente un taux d'à peine 33%. Les femmes n'occupent pas non plus les postes de haut niveau. Le management dans la police est en effet masculin, selon une étude du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) publiée hier lundi et qui dénonce des disparités dans les avancements ou les postes de responsabilités. Aucune femme n'occupe un poste de directeur central par exemple. Les femmes n'ont pu devenir inspecteur de police qu'en 1972, commissaire en 1974 et officier de paix en 1983.

"La culture policière reste très marquée par le symbole de la force"

Pour Emmanuel Roux, commissaire de police et secrétaire général adjoint du SCPN, les femmes sont effectivement moins nombreuses à accéder aux postes à hautes responsabilités : « Les femmes sont sous représentées, avec un taux de féminisation à 17% pour les gardiens de la paix, à 22 % pour les officiers et 22% pour les commissaires, avec une progression très lente. Ça s’explique certainement par une culture policière qui reste toujours marquée par le symbole de la force. L’hypothèse la plus vraisemblable est que les femmes s’autocensurent et ne s’autorisent souvent qu'un seul challenge, celui de la famille. Et peut-être que les jurys, qui sont eux-mêmes peu féminisés, sont un peu rétissants - consciemment ou inconsciemment -, à confier ces fonctions de direction à des femmes ».

"Il est tout à fait possible pour une femme de monter dans la hiérarchie"

A l'inverse, d’après Michel Thooris, secrétaire général du syndicat France Police, il n’y a pas d’inégalités entres les hommes et les femmes : « Moi je n’y crois pas une seule seconde. La police est raciste, violente ; voilà ce que l’on entend souvent. Aujourd’hui, au sein de la police nationale, il est tout à fait possible pour une femme de monter dans la hiérarchie. J’ai cru comprendre que les chiffres démontraient qu’il y avait moins de femmes dans la police que dans d’autres secteurs d’administration, à la poste ou aux impôts par exemple. Finalement, ce n’est pas choquant dans la mesure où le métier de policier est compliqué et je comprends que pour plein de femmes il ne soit pas du tout attractif ; d’ailleurs, il l’est de moins en moins ».

"Ma chef était une femme"

Ludovic, un policier de 29 ans, en direct ce mardi matin sur RMC, partage l'avis de Michel Thooris à ce sujet, et estime qu'hommes et femmes ont chacun leur place au sein de l'administration : « Je suis issu d’une promotion où nous étions 1600 dont 800 femmes. Je pense que l’administration a joué le jeu de recruter autant d’hommes que de femmes. Me concernant, ma précédente chef était une femme et sur les trois groupes de travail, ce sont des femmes qui sont à leur tête.
Je pense qu’on a tous notre place au sein de l’administration. Peut-être que sur certains services, l’évolution est un peu plus difficile ou un peu plus lente. Mais je ne crois pas qu’on soit machistes, peut-être que ça a été le cas, mais d’après ce que je vois aujourd’hui, absolument pas ! ».

La Rédaction, avec A. Manoli et Y. Abback