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Police-Justice

La police évacue un immeuble occupé par des clandestins à Paris

ÉVACUATION D'UN IMMEUBLE PARISIEN OCCUPÉ PAR DES SANS-PAPIERS

ÉVACUATION D'UN IMMEUBLE PARISIEN OCCUPÉ PAR DES SANS-PAPIERS - -

PARIS - La police a évacué à Paris un immeuble qui était occupé depuis le mois de décembre par plusieurs dizaines d'étrangers sans papiers demandant...

PARIS (Reuters) - La police a évacué à Paris un immeuble qui était occupé depuis le mois de décembre par des dizaines d'étrangers sans papiers demandant leur régularisation.

L'opération, menée sans incidents, a provoqué de vives protestations d'associations et d'élus.

Selon un membre du comité de soutien aux sans-papiers, Danièle Krassilchik, les travailleurs se sont rassemblés après l'évacuation autour d'une station de métro près de la rue du Regard, dans le VIe arrondissement, où se trouve l'immeuble.

Ils ont été délogés en application d'une ordonnance du tribunal de Paris du 2 février 2010, précise la préfecture de police dans un communiqué.

Elle explique que l'occupation empêchait le bon fonctionnement du Fonds d'assurance formation des salariés du bâtiment et des travaux publics (FAF.SAB), un organisme paritaire du secteur dont l'immeuble est le siège.

Il était occupé par plusieurs centaines de personnes selon les associations qui les défendent, la préfecture parlant de 85 personnes évacuées.

Augustin Legrand, fondateur de l'association "Les Enfants de Don Quichotte", qui vient en aide aux sans-abri, et nouvellement élu conseiller régional Europe Ecologie en Ile-de-France, s'est rendu sur place pour apporter son soutien aux travailleurs.

"On demande plus de bon sens de la part des pouvoirs publics, plus d'écoute. Il faut que l'opinion réfléchisse sur qui sont ces gens, pourquoi ils sont là, et à quel point la France a besoin d'eux pour se construire", a-t-il déclaré sur I>Télé, dénonçant de "l'esclavagisme moderne".

Anne Hidalgo, première adjointe au maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a aussi condamné l'opération.

"La rupture contrainte du piquet de grève de la rue du Regard est à mes yeux symptomatique d'un pouvoir qui tente d'évacuer cette question plutôt que d'engager le dialogue pour apporter une réponse juste et concrète", écrit-elle dans un communiqué.

LA PRÉFECTURE PRÊTE À EXAMINER LES DOSSIERS

La préfecture de police déclare qu'aucun contact n'a été pris avec elle durant les quatre mois d'occupation des lieux pour l'obtention de titres de séjour.

Elle estime donc qu'il est permis de s'interroger sur la situation des personnes concernées, qui selon elle ne remplissent sans doute pas les critères d'admission exceptionnelle au séjour.

"Toutefois, si certaines d'entre elles estiment les remplir, elles peuvent se présenter à la préfecture de leur lieu de résidence, où leur demande sera instruite", dit-elle.

Les sans-papiers mènent depuis la fin de l'année dernière des mouvements de grève et d'occupation un peu partout en France, avec le soutien du syndicat CGT.

Mi-mars, l'occupation d'un restaurant cossu de Neuilly (Hauts-de-Seine) a montré que des employés de cuisine ou des agents d'entretien sans papiers y travaillaient sous le statut "d'auto-entrepreneur", créé par le gouvernement et destiné en théorie à encourager la création d'entreprise.

Le gouvernement maintient une politique d'expulsions avec des objectifs chiffrés annuels mais a consenti des régularisations au cas par cas.

La CGT et les associations estiment que les sans-papiers sont traités de manière hypocrite car, disent-elles, de nombreux secteurs économiques comme la restauration et le bâtiment ne pourraient fonctionner sans eux. Ils seraient selon des estimations officielles des centaines de milliers en France.

Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a expliqué qu'il n'avait pas organisé cette opération, même s'il en était solidaire. Il a toutefois affirmé qu'il n'avait "aucune intention d'assouplir les critères de régularisation" comme le réclamaient les sans-papiers occupant le bâtiment.

"Il ne faut pas confondre humanisme et angélisme", a-t-il dit en marge d'une conférence de presse.

Thierry Lévêque avec Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser