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Police-Justice

"La police des polices" soupçonnée de manipulation

Selon Le Monde, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, un proche de Nicolas Sarkozy, a été entendu en qualité de témoin assisté le 15 décembre dernier...

Selon Le Monde, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, un proche de Nicolas Sarkozy, a été entendu en qualité de témoin assisté le 15 décembre dernier... - -

PARIS (Reuters) - L'Inspection générale des services (IGS), la "police des polices", aurait falsifié une procédure en 2007, année de l'élection...

PARIS (Reuters) - L'Inspection générale des services (IGS), la "police des polices", aurait falsifié une procédure en 2007, année de l'élection présidentielle, afin de nuire à des fonctionnaires de la préfecture de police de Paris jugés trop proches du Parti socialiste, écrit Le Monde daté du 12 janvier.

La préfecture de police de Paris dénonce dans un communiqué des "allégations infondées".

Le quotidien, qui parle d'un "scandale judiciaire", rapporte que des policiers de l'IGS sont soupçonnés d'avoir truqué des procès-verbaux, déformé des déclarations de personnes en garde à vue et modifié des compte rendus d'écoutes téléphoniques pour provoquer la mise en cause de cinq fonctionnaires, dont quatre ont été mis en examen à tort en 2007.

Accusés d'avoir indûment délivré des titres de séjour et suspendus de leurs fonctions, ils ont depuis été blanchis par la cour d'appel de Paris.

Au nombre des fonctionnaires visés figuraient Yannick Blanc, patron de la police générale à Paris, jugé proche de Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle de 2007, et Christian Massard, officier de sécurité de l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur Daniel Vaillant.

Six informations judiciaires, confiées à quatre juges d'instruction, sont en cours sur le rôle de la "police des polices" dans cette affaire.

Selon Le Monde, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, un proche de Nicolas Sarkozy, a été entendu en qualité de témoin assisté le 15 décembre dernier dans cette affaire, ainsi que l'ancien patron des renseignements généraux Pascal Mailhos.

"Ils ont tous deux été les signataires des arrêtés de suspension visant les fonctionnaires injustement accusés. Il leur est notamment reproché de s'être appuyés sur des éléments judiciaires dont ils n'auraient pas dû avoir connaissance", affirme le quotidien.

Le patron de l'IGS, Claude Bard, a également été entendu.

RÈGLES "VIOLÉES"

"Outre l'institution policière, l'affaire pourrait aussi se révéler embarrassante pour Nicolas Sarkozy, à l'époque ministre de l'Intérieur puis président de la République", écrit Le Monde.

La préfecture de police de Paris annonce dans un communiqué qu'elle "se réserve la possibilité de donner les suites judiciaires appropriées" à l'article reposant selon elle sur des "allégations infondées".

"Le fonctionnement et l'impartialité des services de la préfecture de police ainsi que le Préfet de police sont mis en cause", indique le communiqué. "Pour répondre à ces allégations infondées, la préfecture de police usera de son droit de réponse auprès de l'organe de presse concerné", ajoute-t-il.

Yannick Blanc, aujourd'hui directeur adjoint du cabinet du président du conseil régional d'Ile-de-France, le socialiste Jean-Paul Huchon, a souhaité que "le problème" du fonctionnement de l'IGS soit posé.

"Qu'on ait essayé de me déstabiliser pour me faire quitter mon poste, c'est dans la carrière d'un haut fonctionnaire. Les accidents de carrière, ça n'a rien d'extraordinaire, et j'ai depuis poursuivi ma vie professionnelle", a-t-il témoigné sur France Info.

Il a précisé que deux des fonctionnaires injustement mis en cause, selon lui, étaient toujours suspendus.

"Lorsqu'on s'aperçoit progressivement que, dans un service qui est chargé de faire respecter la loi par la police, et de faire respecter la déontologie de la police nationale, toutes les règles sont assez systématiquement violées, il y a un problème qu'il faut poser", a dit Yannick Blanc.

Sophie Louet et Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser