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Police-Justice

La polémique rebondit sur la mort d'otages français au Niger

La polémique sur la mort de deux otages français, Antoine de Léocour (à gauche) et Vincent Delory, enlevés au Niger et tués lors d'une intervention de l'armée française pour les délivrer a rebondi vendredi avec la publication d'un témoignage et des demand

La polémique sur la mort de deux otages français, Antoine de Léocour (à gauche) et Vincent Delory, enlevés au Niger et tués lors d'une intervention de l'armée française pour les délivrer a rebondi vendredi avec la publication d'un témoignage et des demand - -

PARIS (Reuters) - La polémique sur la mort de deux otages français enlevés au Niger et tués lors d'une intervention de l'armée française pour les...

PARIS (Reuters) - La polémique sur la mort de deux otages français enlevés au Niger et tués lors d'une intervention de l'armée française pour les délivrer a rebondi vendredi avec la publication d'un témoignage et des demandes de clarification de la part des familles de victimes.

Antoine de Léocour et Vincent Delory avaient été enlevés en janvier 2011 dans un restaurant de Niamey par un commando d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ils ont été tués peu après alors que des hélicoptères français donnaient l'assaut au convoi automobile constitué par leurs ravisseurs.

Le journal Libération publie la déposition d'un présumé membre d'Aqmi qui a rapporté à un juge français, fin novembre dernier en Mauritanie, le récit qu'aurait fait les ravisseurs du dénouement de l'affaire. Lui-même n'était pas présent au moment des faits.

Ce témoin, Mohamed al Amine, assure, selon le procès-verbal publié par Libération, qu'Antoine de Léocour a été abattu par un ravisseur parce qu'il ne parvenait pas à suivre le groupe dans sa fuite à pied après l'assaut français.

Selon le témoin, Vincent Delory est mort dans l'incendie d'un véhicule provoqué par des tirs de l'armée française.

Ce récit correspond aux éléments recueillis sur place dès janvier 2011 par la police française et aux conclusions de l'autopsie, présentées juste après les faits par le parquet de Paris. Antoine de Léocour est mort d'une balle de kalachnikov tirée à bout touchant.

Le corps de Vincent Delory présentait de graves brûlures et des traces de balles en cinq endroits, avait dit alors le procureur Jean-Claude Marin. Il n'excluait pas que le jeune homme ait pu mourir de ses brûlures ou d'une asphyxie provoquée par l'incendie d'éléments toxiques dans une voiture, donc des conséquences de l'assaut français.

Me Frank Berton, avocat de la famille Delory, estime cependant que l'évolution de l'enquête pose de nouvelles questions. Il qualifie l'opération française de "désastre" et a déclaré dans plusieurs médias qu'il souhaitait désormais savoir qui avait donné l'ordre d'assaut, et quel était le but exact de l'opération.

Le soupçon est que Paris ait ordonné cette opération, au risque de la vie des deux jeunes gens, pour donner une sorte de coup de semonce aux islamistes, qui multipliaient alors les prises d'otages français et les déclarations belliqueuses.

Une source militaire proche du dossier conteste que la Défense ait caché des éléments.

"La Défense française a toujours joué la transparence totale vis-à-vis des familles et du juge. Les documents demandés ont été déclassifiés, même chose pour les personnes que le juge a voulu interroger", a dit cette source à Reuters.

"C'est une affaire judiciaire. Ce sera au juge de déterminer les responsabilités éventuelles des uns et des autres", a-t-on ajouté.

Du côté de l'état-major des armées, on rappelle qu'une instruction militaire est en cours sans faire plus de commentaires.

Le secret-défense a été levé fin janvier 2011 dans cette affaire mais les familles de victimes estiment que tout n'a pas été livré au juge antiterroriste chargé du dossier.

Annabelle Delory, soeur du défunt, a adressé une demande au gouvernement, jeudi, sur RTL.

"On veut qu'il y ait une reconnaissance de la part de la France, du fait que Vincent a été sacrifié, que l'opération ne lui a laissé qu'une infime chance de s'en sortir. On n'en veut pas aux militaires qui sont intervenus. Mais on veut que la France reconnaisse qu'il y a eu une responsabilité", a-t-elle dit.

Thierry Lévêque, avec Elizabeth Pineau, édité par Patrick Vignal