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Police-Justice

La majorité ne désarme pas sur l'insécurité

Si la crise de la dette et la chute des Bourses sont au coeur de l'actualité, le gouvernement et l'UMP continuent d'entretenir durant l'été les thèmes de l'insécurité et de l'immigration. /Photo d'archives/REUTERS

Si la crise de la dette et la chute des Bourses sont au coeur de l'actualité, le gouvernement et l'UMP continuent d'entretenir durant l'été les thèmes de l'insécurité et de l'immigration. /Photo d'archives/REUTERS - -

par Yann Le Guernigou PARIS (Reuters) - Un an après le très controversé discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, le gouvernement et l'UMP continuent...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - Un an après le très controversé discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, le gouvernement et l'UMP continuent d'entretenir soigneusement les thèmes de l'insécurité et de l'immigration même si la crise de la dette anime l'actualité.

Le projet de création d'un "service citoyen" pour les mineurs délinquants lancé fin juillet ou l'annonce lundi par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant de nouveaux objectifs d'expulsion d'immigrés clandestins montrent que, malgré la trêve estivale, la majorité entend rester mobilisée sur ces fronts.

La relance au coeur de l'été d'un autre projet contesté qui dormait dans des tiroirs depuis 2007, celui de la mise en place d'un fichier pour lutter contre la fraude aux allocations sociales, est un autre moyen pour la droite de se rappeler au bon souvenir de son électorat.

"La crise de la dette est le sujet d'inquiétude numéro un des Français mais les électeurs de droite sont toujours très sensibles à ces thématiques", déclare Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l'Ifop.

Ces annonces relèvent d'une stratégie de maintien d'un "bruit de fond, pour montrer que la ligne du gouvernement sur ces sujets ne change pas, bien au contraire", estime-t-il.

Il s'agit aussi, selon lui, d'empêcher la présidente du Front national Marine Le Pen d'occuper le terrain sur ces questions.

L'été 2010 avait été animé par de violentes polémiques créées par le discours musclé prononcé par Nicolas Sarkozy fin juillet à la suite d'une flambée de violences à Grenoble et les surenchères auxquelles il avait donné lieu de la part de l'aile sécuritaire de l'UMP.

Un an plus tard, la majorité reste à l'initiative bien qu'elle soit un peu moins audible dans des médias qui se focalisent sur la crise de la dette et les soubresauts des marchés financiers.

DU "BINAIRE DROITE-GAUCHE"

"Ce qui a changé aussi, c'est le messager. Les annonces ne sont plus faites par le président de la République, qui se concentre sur la lutte contre la crise", note Jérôme Fourquet.

Le chef de l'Etat s'efforce en outre depuis quelques mois de ne plus porter lui-même les sujets les plus polémiques, ce qui pourrait expliquer en partie le rebond récent de sa cote de popularité par rapport aux plus bas touchés à la fin de l'hiver.

Claude Guéant, depuis son arrivée place Beauvau en février, et la Droite populaire, l'aile droite de l'UMP qui multiplie les propositions "musclées" - un de ses chefs de file, Lionnel Luca, avait proposé fin juillet d'interdire les grèves pendant les grands départs pour faire échec à une menace chez Air France - occupent le terrain à sa place.

"L'idée, c'est d'avoir des propositions qui seront suffisamment polémiques pour que des voix de gauche s'en offusquent", dit Jérôme Fourquet.

Des responsables socialistes ont été jusqu'à réclamer récemment à l'UMP de dissoudre la Droite populaire et ont réagi promptement aux annonces du ministre de l'Intérieur sur l'Immigration.

"La droite veut montrer à ses électeurs que, malgré l'actualité, elle n'oublie pas le front intérieur en évoquant les questions d'immigration/sécurité", souligne le responsable de l'Ifop.

En entretenant des polémiques avec le PS, "on réduit immédiatement l'espace et l'oxygène de Marine Le Pen. On est sur du binaire droite-gauche".

"Et on montre que le gouvernement travaille. L'UMP sait qu'elle sera jugée en 2012 sur ses résultats. Ce sera compliqué sur le chômage, il reste l'insécurité", conclut Jérôme Fourquet.

édité par Patrick Vignal