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Police-Justice

La justice referme le dossier Godard sans l'élucider

La disparition du Dr Yves Godard et de sa famille, qui a défrayé la chronique en 1999, a rejoint le rang des affaires non élucidées, le juge d'instruction chargé du dossier à Saint-Malo ayant prononcé vendredi une ordonnance de non-lieu. /Photo d'archives

La disparition du Dr Yves Godard et de sa famille, qui a défrayé la chronique en 1999, a rejoint le rang des affaires non élucidées, le juge d'instruction chargé du dossier à Saint-Malo ayant prononcé vendredi une ordonnance de non-lieu. /Photo d'archives - -

RENNES (Reuters) - La disparition du Dr Yves Godard et de sa famille, qui a défrayé la chronique en 1999, a rejoint ces affaires non élucidées qui...

RENNES (Reuters) - La disparition du Dr Yves Godard et de sa famille, qui a défrayé la chronique en 1999, a rejoint ces affaires non élucidées qui inspirent des émissions comme la série "Cold case", après 13 ans d'enquête infructueuse.

Le juge d'instruction chargé du dossier à Saint-Malo a prononcé vendredi une ordonnance de non-lieu, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

Le procureur de Saint-Malo, Alexandre de Bosschère, qui avait requis ce non-lieu en l'absence d'éléments nouveaux, qualifie cette décision de "constat d'échec" dans les colonnes du quotidien Ouest-France de samedi.

"Il subsiste des zones d'ombres", dit-il. "On n'a pas la preuve formelle que le Dr Godard a tué sa femme, même si c'est l'hypothèse la plus probable. On ne peut pas non plus écarter le suicide de celle-ci."

L'affaire avait débuté le 1er septembre 1999. Le Dr Yves Godard, alors âgé de 44 ans, qui avait loué un voilier pour quelques jours à Saint-Malo, a pris la mer avec ses deux enfants et n'a plus donné signe de vie, malgré de nombreux indices et témoignages pouvant laisser penser qu'il était toujours vivant.

Quelques jours plus tard, la camionnette du médecin était retrouvée sur un parking de Saint-Malo avec des traces de sang de son épouse, Marie-France Godard, 43 ans.

Au domicile de la famille Godard, à Tilly-sur-Seulles, dans le Calvados, les gendarmes relèvent également des traces de sang de l'épouse du médecin.

La thèse d'une dispute ayant mal tournée, suivie de la fuite de ce médecin pratiquant l'acupuncture, adepte de techniques de médecines parallèles, en délicatesse avec son conseil de l'ordre, prend forme mais ne pourra jamais être formellement établie.

CRÂNES

Au fil des mois et des années, de nombreux indices laissent penser que le Dr Godard a pu simuler un naufrage ou saborder son navire. L'annexe du voilier est retrouvée ainsi que divers objets comme un gilet de sauvetage ou le radeau de survie.

En septembre 1999, une information judiciaire est ouverte pour homicide volontaire et un mandat d'arrêt international lancé contre le Dr Godard.

Un an plus tard, un premier élément probant était retrouvé par un pêcheur dans la baie de Saint-Brieuc.

Cet homme a ramené un premier crâne dans son filet qu'il rejette à la mer - peut-être celui de Marius, quatre ans, le fils du médecin - puis un second qui est ramené au port et se révélera être celui de sa fille Camille, six ans.

Plusieurs témoins diront avoir vu Yves Godard tantôt sur l'île de Man, tantôt en Afrique du Sud, en Guadeloupe ou à Miami. Il faudra attendre septembre 2006 pour que de nouveaux ossements repêchés au large de Roscoff et identifiés comme appartenant au médecin attestent son décès.

D'autres objets ayant appartenu au médecin, tels des cartes bancaires, seront encore découverts sur les côtes de la Manche mais les enquêteurs n'ont jamais pu retrouver le "Nick", le voilier avec lequel Yves Godard avait pris le large, ni le corps de son épouse Marie-France.

Après 13 ans de mystère et de fausses pistes, qui ont donné lieu à une multitude d'auditions, de commissions rogatoires, d'expertises judiciaires et d'enquêtes sur le terrain, le parquet de Saint-Malo a jugé qu'il n'y avait plus d'éléments exploitables.

Sauf nouvel élément particulièrement probant, la procédure ne sera toutefois définitivement close que dans dix ans, délai légal de la prescription.

Pierre-Henri Allain, édité par Emmanuel Jarry