BFMTV
Police-Justice

La justice française saisie de l'affaire du Médiator

Les victimes du Médiator, un médicament dont l'usage aurait tué 500 personnes en France, ont déposé des premières plaintes et sont déterminées à obtenir une enquête judiciaire, selon l'un de leurs avocats, Charles Joseph Oudin. /Photo d'archives/REUTERS/S

Les victimes du Médiator, un médicament dont l'usage aurait tué 500 personnes en France, ont déposé des premières plaintes et sont déterminées à obtenir une enquête judiciaire, selon l'un de leurs avocats, Charles Joseph Oudin. /Photo d'archives/REUTERS/S - -

PARIS (Reuters) - Les victimes du Médiator, un médicament dont l'usage aurait tué 500 personnes en France, ont déposé de premières plaintes et sont...

PARIS (Reuters) - Les victimes du Médiator, un médicament dont l'usage aurait tué 500 personnes en France, ont déposé de premières plaintes et sont déterminées à obtenir une enquête judiciaire, a déclaré mercredi l'un de leurs avocats.

Charles Joseph Oudin s'est félicité de la décision du parquet de Nanterre, saisi de premières plaintes jeudi dernier, de se dessaisir au profit du parquet de Paris, qui dispose d'un pôle de santé publique spécialisé.

Les plaintes avaient été initialement déposées à Nanterre car le siège social des laboratoires Servier, qui fabriquait le Médiator, se trouve dans le département des Hauts-de-Seine.

Le chiffre de 500 morts "confirme un scandale sanitaire majeur", a dit Charles Joseph Oudin sur i>Télé. "Les victimes sont extrêmement fâchées d'avoir été tenues dans l'ignorance de la nocivité de ce médicament et elles sont déterminées à ce que la justice pénale puisse se pencher sur ces questions".

"Avec raison, le parquet de Nanterre a décidé de saisir le pôle de santé publique", a-t-il ajouté.

Les plaignants, qui souffrent de graves atteintes des valves du coeur, fondent leur action sur la "tromperie aggravée sur la nature, la qualité substantielle et la composition du produit" et la "mise en danger de la vie d'autrui".

Le Mediator a été mis en vente en France en 1976 et retiré du marché en novembre 2009. Conçu pour les diabétiques en surcharge pondérale ou présentant un taux de triglycérides trop élevés, il a également été prescrit aux personnes désirant perdre du poids.

D'après une étude réalisée par la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), elle-même saisie par l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), il serait responsable de la mort d'au moins 500 personnes et de 3.500 hospitalisations.

Jacques Servier, fondateur du laboratoire qui fabriquait ce traitement, a estimé récemment que cette affaire était peut-être une "fabrication" visant à gêner le gouvernement.

Le groupe Servier, qu'il a fondé en 1948, conteste le chiffre de 500 morts entre 1976 et 2009 mais conseille aux personnes ayant pris du Mediator d'en parler à leur médecin, comme le gouvernement.

Jacques Servier affirme que c'est le laboratoire lui-même qui a décidé, en accord avec l'Afssaps, de retirer le Mediator du marché en 2009. "Le lien entre Mediator et valvulopathie n'est par ailleurs pas prouvé", a dit l'industriel au quotidien Le Monde.

L'Afssaps estime qu'environ cinq millions de patients ont été traités au Mediator en France de 1976 à 2009, dont 2,9 millions pendant plus de trois mois.

Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser