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Police-Justice

La France supprime les miradors des prisons pour économiser

La prison de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain. La France a décidé de supprimer l'affectation de gardiens dans les miradors de ses prisons afin de faire des économies de personnel de surveillance, un projet très critiqué par les syndicats. /Photo prise le 4 fév

La prison de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain. La France a décidé de supprimer l'affectation de gardiens dans les miradors de ses prisons afin de faire des économies de personnel de surveillance, un projet très critiqué par les syndicats. /Photo prise le 4 fév - -

PARIS (Reuters) - La France a décidé de supprimer l'affectation de gardiens dans les miradors de ses prisons afin de faire des économies de...

PARIS (Reuters) - La France a décidé de supprimer l'affectation de gardiens dans les miradors de ses prisons afin de faire des économies de personnel de surveillance, annonce mercredi le ministère de la Justice.

Ce projet est critiqué par les syndicats de l'administration pénitentiaire qui, moins que des évasions, craignent que les trafics de l'extérieur vers l'intérieur des prisons soient favorisés par la suppression de cette surveillance.

Selon le cabinet de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie, un mirador, qui doit être occupé 24 heures sur 24, peut mobiliser jusqu'à sept personnes par jour, alors que le gain sur la sécurité est jugé peu significatif.

Il est donc préférable d'abandonner ces structures, pourtant aménagées dans les établissement neufs ouverts ces derniers mois, afin de favoriser d'autres tâches et de dégager des moyens, a expliqué le cabinet à des journalistes.

Céline Verzeletti, responsable de la CGT-Pénitentiaire, a dit à Reuters que le fait de ne plus surveiller l'extérieur des murs, d'où les proches des détenus jettent selon elle fréquemment dans les cours drogue, alcool, nourriture, téléphones portables, armes, argent et vêtements à l'intention des leurs proches peut générer des problèmes.

"Déjà qu'on n'arrive pas à assurer une sécurité maximale à l'intérieur comme à l'extérieur des prisons, ça risque de ne pas arranger le problème de faire des économies de personnel", a-t-elle déclaré.

Quelques 2,812 milliards d'euros, soit près de la moitié du budget total de la justice française, doivent être consacrés en 2011 à l'administration pénitentiaire.

Ce secteur est en crise car il faut financer de nouvelles constructions pour remplacer et renforcer le parc actuel des 191 prisons françaises, régulièrement critiquées du fait de leur surpopulation (60.789 détenus au 1er septembre pour 56.400 places), de leur vétusté.

Ce mauvais état du parc pénitentiaire et un fonctionnement jugé inadéquat par les observateurs indépendants sont considérés comme un des facteurs des 115 suicides en prison en 2009, un record en Europe, ainsi que de nombreux incidents et évasions.

Le problème a contraint le gouvernement à faire passer d'un an à deux ans de prison ferme le seuil à partir duquel une condamnation peut être exécutée en dehors de la prison, sous bracelet électronique, placement extérieur ou semi-liberté.

Cette décision, prise alors que le même gouvernement a créé de nombreux nouveaux délits et alourdi dans de nombreux domaines les sanctions pénales, ne sera pas modifiée en 2011 malgré le voeu contraire du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, a dit mercredi le cabinet de Michèle Alliot-Marie.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse