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Police-Justice

La France se prépare aux incendies de voitures du Nouvel An

Sur les Champs-Elysées, à Paris. La France est sur le pied de guerre ce vendredi pour prévenir les incidents devenus rituels du Nouvel An, tels que les incendies de voitures, phénomène sur lequel le gouvernement refuse désormais de communiquer. /Photo pri

Sur les Champs-Elysées, à Paris. La France est sur le pied de guerre ce vendredi pour prévenir les incidents devenus rituels du Nouvel An, tels que les incendies de voitures, phénomène sur lequel le gouvernement refuse désormais de communiquer. /Photo pri - -

PARIS (Reuters) - La France est sur le pied de guerre ce vendredi pour prévenir les incidents devenus rituels du Nouvel An, tels que les incendies de...

PARIS (Reuters) - La France est sur le pied de guerre ce vendredi pour prévenir les incidents devenus rituels du Nouvel An, tels que les incendies de voitures, phénomène sur lequel le gouvernement refuse désormais de communiquer.

A Paris, plus de 10.000 policiers, gendarmes, pompiers, personnels médicaux et intervenants associatifs doivent être déployés pour le réveillon, notamment sur les Champs-Elysées, annonce la préfecture de police. Un chiffre de quelque 45.000 personnes est avancé de source officieuse pour tout le territoire.

Les destructions des véhicules, apparues au milieu des années 1990, notamment à Strasbourg, ont pris depuis lors de l'ampleur au point d'être un symbole de l'insécurité dans les banlieues, qui a culminé avec la vague de violences de 2005.

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a fait savoir qu'il ne communiquerait plus aucun bilan national, et plusieurs préfectures, notamment celle de Strasbourg, ont adopté cette stratégie. Les autorités expliquent qu'elles veulent mettre fin à ce qui risquerait selon elles de devenir un "concours".

Cette décision est critiquée à gauche, où l'on estime que le gouvernement veut en fait cacher des statistiques qui ternissent un bilan déjà critiqué dans la lutte contre l'insécurité.

"Le gouvernement a tendance à supprimer les indicateurs gênants. Ça fait plusieurs années que le ministère de l'Intérieur publie des bilans bidons, incomplets. Hortefeux va encore plus loin", a dit à Reuters la députée socialiste Delphine Batho, spécialisée dans les questions de sécurité.

L'ancien ministre radical de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg critique aussi l'annonce de Brice Hortefeux.

"Occulter un problème, ce n'est pas le résoudre. L'opacité ne peut être une solution", dit-il dans un communiqué.

Après la Saint-Sylvestre 2009, le ministère de l'Intérieur avait annoncé un total national de 1.137 véhicules incendiés et 549 personnes interpellées, mais des enquêtes de presse totalisant des chiffres obtenus préfecture par préfecture avaient montré que ce bilan avait été minoré.

10.000 PERSONNES DEPLOYÉES A PARIS

L'Observatoire des zones urbaines sensibles, organisme indépendant, a fait état dans une étude publiée en 2010 d'une hausse de 17,2% entre 2008 et 2009 des incendies volontaires de biens privés, ce qui concerne surtout les voitures.

Ce phénomène trouve son apogée la nuit du Nouvel An et le 14 juillet, date à laquelle, en 2010, le ministère de l'Intérieur a aussi refusé de communiquer des bilans nationaux.

A Paris, comme un peu partout en France, la vente d'alcool, la détention de bouteilles en verre et le transport de feux d'artifices est interdit. Il n'y aura pas de feu d'artifice officiel.

A Strasbourg, où le débat a commencé il y a 15 ans, la préfecture comme la mairie refusent de communiquer tant sur le bilan que sur le dispositif de sécurité.

"La course aux chiffres n'a pas beaucoup d'intérêt et ne profite qu'aux délinquants", estime le premier adjoint au maire, Robert Herrmann (PS).

Le sujet avait en partie coûté son siège au maire socialiste Catherine Trautmann en 2001 et le dossier reste brûlant. Une querelle politique avait suivi le réveillon 2009, la municipalité - regagnée par le PS en 2008 - annonçant 55 voitures incendiées et l'opposition UMP 95.

A Bordeaux, le préfet Dominique Schmitt annonce aussi un renforcement des effectifs de sécurité et l'installation de quatre postes de commandement à l'hôtel de police, à la gendarmerie, chez les pompiers et au SAMU.

Le préfet demande aux maires de ranger les conteneurs à ordures, de fermer les locaux à poubelles et d'enlever les "véhicules épaves et ventouses".

Des mesures similaires sont prises partout en France, mais les effectifs utilisables sont limités, beaucoup de préfets préférant mettre l'accent sur les contrôles routiers, l'alcool au volant étant considéré comme l'autre plaie du réveillon.

Thierry Lévêque avec les correspondants régionaux, édité par Yves Clarisse