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Police-Justice

La défense de l'ex-trader Jérôme Kerviel plaide la relaxe

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La défense de l'ancien trader de la Société générale Jérôme Kerviel, jugé en appel à Paris pour une perte de 4,9 milliards d'euros en 2008, a demandé ce jeudi sa relaxe. Réponse le 24 octobre.

La défense de l'ancien trader de la Société générale Jérôme Kerviel, jugé en appel à Paris pour une perte de 4,9 milliards d'euros en 2008, a demandé jeudi sa relaxe en le présentant comme un bouc émissaire de la banque. Au cours d'une audience agitée, Kerviel quittant plusieurs fois la salle dont la chaleur est étouffante, les avocats ont contesté le portrait de « pervers manipulateur » brossé la veille par l'accusation et l'ont dépeint en homme « normal ». « On lui a fait jouer le rôle de lampiste. Jérôme Kerviel est un bouc émissaire. Jérôme Kerviel est un gentil garçon, un employé modèle, un homme honnête. Ce n'est pas un génie de la finance », a dit Me Benoît Pruvost.
« Jérôme Kerviel a été décrit comme un hamster dans sa roue. Il est sorti de sa roue et nous vous demandons aujourd'hui de le sortir de sa cage », a-t-il conclu. Julien Dami Le Coz a qualifié ensuite de « monstre juridique » la notion d'ordre public économique international évoquée en première instance par le tribunal pour infliger trois ans de prison ferme à l'ex-trader. Me David Koubbi, principal avocat de la défense, devait plaider en dernier. La cour rendra sa décision le 24 octobre prochain.

L'accusation demande 5 ans ferme

Mercredi, l'accusation a demandé la peine maximale de cinq ans de prison ferme. L'avocat général a rappelé par ailleurs que la jurisprudence imposait en théorie à la cour d'imputer le remboursement du préjudice en totalité au prévenu, même s'il ne pouvait pas le payer. Le jeune homme de 35 ans admet avoir pris des positions vertigineuses de 30 milliards d'euros en 2007, puis de 50 milliards en 2008, en les masquant par d'autres ordres fictifs censés couvrir le risque. Il admet aussi avoir répondu par des faux courriels aux interrogations sur son travail.

La banque l'aurait laissé perdre

Le chiffre de 4,9 milliards d'euros de perte, atteint après le "débouclage" en urgence en janvier 2008 de ses positions à risque, reste à ce jour le plus élevé de l'histoire de la finance. Après avoir soutenu à son premier procès que sa hiérarchie était au courant, il est passé à une autre version en appel. La banque l'aurait laissé perdre, couvrant ses pertes au sein d'un "desk occulte", dans l'idée de lui imputer les pertes qu'elle prévoyait sur les "subprimes", produits financiers liés aux crédits immobiliers américains à risque. Aucune preuve n'a été présentée. L'accusation répond qu'il ment et considère qu'il a agi seul, avec le mobile psychologique d'être "plus fort que les marchés". L'avocat général conteste que Jérôme Kerviel puisse se poser en victime du système financier, soutient qu'en qualité de trader il en était "un élément essentiel" et il demande une peine dissuasive.

La Rédaction, avec Reuters