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La défense de kerviel rejette la faute sur la société générale

Jérôme Kerviel à son arrivée vendredi au Palais de justice de Paris pour le dernier jour de son procès, dont le jugement a été mis en délibéré au 5 octobre. Dans leurs plaidoieries, les avocats de l'ex-trader ont rejeté sur la Société générale la responsa

Jérôme Kerviel à son arrivée vendredi au Palais de justice de Paris pour le dernier jour de son procès, dont le jugement a été mis en délibéré au 5 octobre. Dans leurs plaidoieries, les avocats de l'ex-trader ont rejeté sur la Société générale la responsa - -

par Thierry Lévêque et Matthieu Protard PARIS (Reuters) - La défense de Jérôme Kerviel rejette sur la Société générale la responsabilité de la perte...

par Thierry Lévêque et Matthieu Protard

PARIS (Reuters) - La défense de Jérôme Kerviel rejette sur la Société générale la responsabilité de la perte de 4,9 milliards d'euros, tout en reconnaissant partiellement la culpabilité de l'ex-trader.

Le tribunal correctionnel de Paris a mis son jugement sur cette affaire en délibéré au 5 octobre.

Cette date a été annoncée après les plaidoiries des avocats de la défense Nicolas Huc-Morel et Olivier Metzner, qui ont demandé la relaxe de Jérôme Kerviel sur les trois infractions principales, "abus de confiance, faux et usage de faux".

Me Metzner a admis en revanche sa culpabilité sur la troisième infraction "d'introduction frauduleuse de données dans un système informatique", ouvrant la voie à une peine modérée.

Les avocats ont rejeté la responsabilité de l'affaire sur la banque et fustigé plus largement les pratiques des établissements français et leurs engagements à risque.

"Jérôme Kerviel a été formé, formaté, peut-être déformé par la Société générale. Il n'est que la créature de la Société générale", a dit Me Metzner. "La banque lui a donné un accord tacite", a-t-il estimé.

Me Nicolas Huc-Morel a estimé que son client n'avait commis aucune infraction alors que la banque le tient pour seul responsable et lui réclame le remboursement des 4,9 milliards d'euros perdus lors du "débouclage" de ses positions.

"Il n'y a pas de mystère Kerviel", a-t-il dit. "Le mystère est un mystère Société générale. Comment la banque a-t-elle pu laisser engager les montants dont vous êtes saisis?".

Me Olivier Metzner s'est montré ironique en commençant sa plaidoirie par une comparaison en s'adressant aux trois magistrats du tribunal. "Est-ce que l'un de vous trois ne voit pas lorsque l'autre prend des notes? C'est aujourd'hui ce qu'on vous soutient à la Société générale", a-t-il estimé.

LA "BANQUE-CASINO"

Il s'en est pris au parquet, qui a requis la veille cinq ans de prison dont quatre fermes. "Le procureur a dit qu'il requérait au nom de l'intérêt général, de la société... de la Société générale?".

L'avocat, qui fut jadis conseil de grandes banques dans des procès pénaux, a fait le procès de l'engagement des banques françaises dans la "spéculation", la "banque-casino", raillant même les couleurs de la Société générale, le rouge et le noir, "le flamboyant et l'obscur".

"La Société générale est transparente et ouverte à tout, elle camoufle ses actifs pourris", a-t-il dit, rappelant que l'établissement avait cantonné dans une société distincte 35 milliards d'actifs douteux liés aux "subprimes", les crédits à risque américains à l'origine de la crise financière.

Me Metzner voit donc la banque comme la vraie responsable des dérives admises par Jérôme Kerviel : "Qui êtes-vous Société générale? Comment fabriquez-vous des hommes comme cela? Pour quel intérêt, par quels moyens, sinon purement financiers?"

Poursuivi pour "faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique", Jérôme Kerviel risque cinq années de prison et 375.000 euros d'amende.

Il a admis avoir pris des engagements vertigineux de près de 50 milliards d'euros sur des indices boursiers européens, camouflés par d'autres passations d'ordres fictives sur les marchés, censés couvrir le risque.

A l'audience, le jeune homme a exprimé ses "regrets" mais a répété qu'il estimait avoir été encouragé par sa hiérarchie, qui selon lui avait tous les moyens de savoir qu'il agissait ainsi.

Edité par Yves Clarisse