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Police-Justice

La défense à l'attaque au début du nouveau procès Colonna

La défense d'Yvan Colonna, jugé une troisième fois aux assises de Paris pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, a engagé lundi, dès l'ouverture du procès, une offensive pour obtenir son acquittement. /Photo prise le 2 mai 2011/REUTERS

La défense d'Yvan Colonna, jugé une troisième fois aux assises de Paris pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, a engagé lundi, dès l'ouverture du procès, une offensive pour obtenir son acquittement. /Photo prise le 2 mai 2011/REUTERS - -

par Thierry Lévêque PARIS (Reuters) - La défense d'Yvan Colonna, jugé une troisième fois aux assises de Paris pour l'assassinat du préfet de Corse...

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - La défense d'Yvan Colonna, jugé une troisième fois aux assises de Paris pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, a engagé lundi, dès l'ouverture du procès, une offensive pour obtenir son acquittement.

Ce crime, le plus grave commis en 40 ans de violence politique sur l'île, tourmente depuis 13 ans police, justice et pouvoir. Si l'on compte ceux des autres protagonistes, c'est le cinquième procès de l'affaire. Il doit durer entre un mois et demi et deux mois avec 109 témoins et experts.

En prison depuis 2003, Yvan Colonna, 51 ans, est apparu souriant dans le box, vêtu d'une veste polaire grise. Il a fait un petit signe à sa famille présente dans la salle.

Ses avocats entendent soulever un problème de procédure, lié au fait que les membres de la cour d'assises spéciale antiterroriste qui le jugent, tous magistrats, voteront sur la culpabilité avec des règles moins contraignantes que les jurés populaires, ce que la défense juge irrégulier.

L'accusé s'est attaché les services d'un spécialiste réputé des assises, Me Eric Dupond-Moretti.

Ce dernier, qui a déjà concouru fortement lors d'un autre procès de l'affaire à l'acquittement de Jean Castela et Vincent Andriuzzi, un temps présentés comme les commanditaires du crime, a déclaré qu'il plaiderait avec une analyse du dossier.

"C'est une affaire difficile que je voudrais ordinaire. Difficile, parce que sa présomption d'innocence a été bafouée par les plus hautes instances de l'Etat, par des magistrats, par des policiers", a-t-il dit aux journalistes.

"Il y a les éléments judiciaires et les règles judiciaires au rang desquels la règle essentielle selon laquelle, quand la preuve d'une culpabilité n'est pas rapportée, on en tire les conséquences, pour X ou pour Colonna", a-t-il ajouté.

DEUX CONDAMNATIONS

Fils d'une famille riche de Cargèse, devenu berger, sympathisant nationaliste revendiqué, Yvan Colonna a été condamné à perpétuité lors des deux premiers procès en 2007 et 2009, en dépit de ses constantes protestations d'innocence.

En 2010, la Cour de cassation a annulé, pour un vice de procédure concernant une déposition de témoin, sa condamnation en appel de 2009, imposant cette troisième audience, cas de figure rarissime dans les annales judiciaires.

L'accusé est soutenu par les partis nationalistes et autonomistes corses, qui ont notamment comme figure de proue Gilles Simeoni, un des autres avocats de la défense.

Yvan Colonna a épousé en détention en mars une agricultrice de Cargèse.

Il a accusé lors de son second procès Nicolas Sarkozy d'avoir organisé sa condamnation pour s'attribuer un succès politique et poursuit le chef de l'Etat pour violation de la présomption d'innocence, le président l'ayant présenté en 2003, après son arrestation, comme l'assassin du préfet Erignac.

Plus haut représentant de l'Etat sur l'île, Claude Erignac a été abattu de trois balles dans la tête le 6 février 1998 à Ajaccio, près d'un théâtre où son épouse l'attendait.

L'enquête, marquée par des fausses pistes, une "guerre des polices" et des rivalités entre juges, a identifié finalement un groupe de nationalistes dissidents.

Ce groupe confondu par une expertise sur des communications téléphoniques passées sur portables a été démantelé en mai 1999 avec une vague d'arrestations à laquelle a toutefois échappé Yvan Colonna, déjà soupçonné, qui a pu s'enfuir.

Six hommes, dont cinq reconnaissent les faits, ont été condamnés en 2003 à des peines allant de 15 ans à la perpétuité.

Quatre d'entre eux ont désigné leur ami Yvan Colonna en 1999 comme l'auteur des coups de feu, avant de se rétracter 17 mois plus tard, affirmant alors qu'il était innocent. Ils ont maintenu cette position aux deux premiers procès du berger, en des termes toutefois très ambigus.

Un des hommes arrêtés en 1999, Pierre Alessandri, condamné à perpétuité en 2003, affirme depuis 2004 qu'il est le véritable auteur des coups de feu.

Yvan Colonna avait été arrêté finalement en juillet 2003 dans le maquis corse en possession d'une grenade et de chargeurs.

Edité par Yves Clarisse