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Police-Justice

La colère des policiers de Seine-St-Denis

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Plusieurs centaines de policiers ont manifesté mercredi soir à Bobigny (Seine-St-Denis) et à Paris pour dénoncer la mise en examen pour homicide volontaire d'un de leurs collègues. Ils estiment qu'il a agi en «légitime défense». Claude Guéant a dit « comprendre l'émotion » des policiers.

Plusieurs centaines de policiers ont manifesté mercredi soir de façon spontanée à Bobigny (Seine St-Denis) et sur les Champs-Elysées à Paris contre la mise en examen pour homicide volontaire d'un de leurs collègues qui a tué samedi un multirécidiviste en fuite en Seine-St-Denis. La version de la légitime défense invoquée par le fonctionnaire de 33 ans, placé sous contrôle judiciaire, avec notamment l'interdiction d'exercer, a été mise à mal par l'autopsie et un témoignage, révélés par le parquet, selon lesquels la victime a été tuée d'une balle dans le dos. Pour sa défense, le policier affirme que le malfrat l’a « visé en tendant son bras armé vers lui ». Le policier a alors tiré à quatre reprises, tuant l'homme âgé de 28 ans.

« Je l'imagine très mal abattre froidement cet individu »

Mais pour Michel Marrec, délégué Unité-SGP Police en Seine-Saint-Denis, « l'homicide volontaire n'est pas du tout justifié. Je connais ce collègue depuis des années, je l'imagine très mal abattre froidement cet individu. Il a simplement réagi dans l'action après avoir eu une arme en face de lui. Il a tiré, et entre le moment où il a commencé à tirer la première cartouche et la quatrième, l'individu a fait demi-tour et a pris la balle dans le dos. C'est la continuité de la légitime défense, ce n’est pas un homicide volontaire. S'il faut risquer sa carrière pour ce genre d'individu, il vaut mieux dire aux collègues d’arrêter et de faire des contraventions tranquillement sans interpeller plus personne ».

« On est dans le département le plus violent de France »

Philippe Capon, le secrétaire général de l'UNSA Police, explique sur RMC pourquoi cette affaire a déclenché la colère des policiers de Seine-St-Denis : « On est dans le département le plus violent de France où les interventions, qui se font par centaines, sont très difficiles. Donc les décisions de justice doivent être à la hauteur des faits pour lesquels nos collègues sont amenés à intervenir. Parce que parfois on se retrouve avec des personnes dont on a du mal à comprendre pourquoi elles sont toujours dehors. Malheureusement, encore une fois, ce décès c'est un multirécidiviste archi-connu des services de police. Après on peut toujours refaire l'histoire, dire après coup l'intervention ceci, l'intervention cela. L'enquête déterminera exactement dans quelles conditions cela a pu se passer ».

« C’est le ciel qui vous tombe sur la tête »

« Je crois que c'est vraiment injuste, et c'est vécu comme tel par les collègues, explique Jean-Claude Delage, le secrétaire général d'Alliance Police nationale. Quand vous êtes fonctionnaire de police et qu'on vous met en examen pour homicide volontaire alors que depuis des années vous faites votre boulot, c'est le ciel qui vous tombe sur la tête ».
Claude Guéant a dit mercredi « comprendre l'émotion » des policiers. Mais le ministre de l'Intérieur a rappelé qu'il appartenait «à la justice de faire la lumière sur ce qui s'est passé».

La Rédaction avec A. Vilmont et J. Coudrot