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Police-Justice

La CEDH autorise l'expulsion vers l'Algérie d'un imam salafiste de Marseille

El Hadi Doudi.

El Hadi Doudi. - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a autorisé jeudi l'expulsion d'un imam salafiste de Marseille, connu pour ses prêches radicaux, qu'elle avait suspendue mardi.

La Cour européenne des droits de l'homme qui avait suspendu il y a deux jours l'expulsion d'un influent imam salafiste marseillais vers l'Algérie, dit ce jeudi l'autoriser finalement. El Hadi Doudi s'était vu notifier mardi matin l’arrêté d’expulsion pris à son encontre par le ministère de l’Intérieur, pour ses prêches radicaux. 

Cette décision a été prise "à la lumière des informations fournies par les parties", a précisé la Cour dans un communiqué.

Me Nabil Boudi, avocat de l'imam El Hadi Doudi, avait saisi la CEDH, invoquant le risque que son client subisse des tortures ou "traitements inhumains ou dégradants" s'il était renvoyé par les autorités françaises vers l'Algérie. L'imam El Hadi Doudi s'était vu notifier mardi un arrêté d'expulsion, pris à son encontre par le ministère de l'Intérieur, qui pointait la teneur de ses prêches. 

Femmes, juifs, chiites, personnes commettant l'adultère 

Mais l'application de cette expulsion, programmée mardi à 15 heures, avait été suspendue par la CEDH sur la base de l'article 39 de son règlement, prévoyant la possibilité de prendre des mesures provisoires. La Cour avait alors accordé un délai de 72 heures au gouvernement français "afin de rassembler les informations complémentaires nécessaires à une prise de décision éclairée".

L'imam El Hadi Doudi se trouvait depuis dans un centre de rétention administratif. Agé de 63 ans, l'imam de la mosquée As-Sounna, en plein coeur de Marseille, dans le 3e arrondissement, s'est vu reprocher des prêches très radicaux. Il s'agissait notamment d'"actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes", en l'occurrence les femmes, les juifs, les chiites, les personnes commettant l'adultère, selon les termes de la demande d'expulsion du ministère de l'Intérieur.

Négation de l'autre dans sa singularité et son humanité

Dans son avis positif à cette demande d'expulsion, le 8 mars, une commission composée de magistrats administratifs et judiciaires marseillais avait relevé que "l'analyse de l'idéologie propagée par M. Doudi (...) démontre que l'autre est nié dans sa singularité et son humanité". "Il est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République", poursuivait la commission.

Le 11 décembre, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône avait pris un arrêté de fermeture pour six mois de la mosquée As-Sounna. Cette fermeture temporaire avait été entérinée par le Conseil d'État le 31 janvier.

Le 28 mars en région parisienne, l'imam suppléant de la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne), Mohammed Tlaghi, avait été reconduit vers le Maroc, en raison de ses prêches radicaux, en vertu d'un arrêté d'expulsion pris le 2 mars. Vingt étrangers radicalisés en situation régulière ont été expulsés du territoire français en 2017, avait affirmé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans un entretien à Ouest-France le 31 mars, chiffre "jamais atteint auparavant", selon lui.

D. N. avec AFP