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L'UE finalise l'aide à l'Irlande et espère arrêter la contagion

A Dublin. Près de sept mois après la Grèce, l'Union européenne doit annoncer cet après-midi un plan d'aide de 85 milliards d'euros à l'Irlande afin de soutenir le pays plombé par son secteur bancaire et freiner la contagion dans la zone euro. /Photo prise

A Dublin. Près de sept mois après la Grèce, l'Union européenne doit annoncer cet après-midi un plan d'aide de 85 milliards d'euros à l'Irlande afin de soutenir le pays plombé par son secteur bancaire et freiner la contagion dans la zone euro. /Photo prise - -

par Julien Toyer BRUXELLES (Reuters) - Près de sept mois après la Grèce, l'Union européenne doit annoncer cet après-midi un plan d'aide de 85...

par Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - Près de sept mois après la Grèce, l'Union européenne doit annoncer cet après-midi un plan d'aide de 85 milliards d'euros à l'Irlande afin de soutenir le pays plombé par son secteur bancaire et freiner la contagion dans la zone euro.

Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent à 13h00 (12h00 GMT) puis seront rejoints par leurs collègues du reste des Vingt-Sept à 15h00 (14h00 GMT) pour finaliser les derniers détails du plan, comme le taux et la durée des prêts et les conditions qui y seront assorties.

A l'insistance de la France et de l'Allemagne, et dans le but d'apporter plus de poids politique à leurs décisions, les ministres ont finalement décidé de se réunir en personne à Bruxelles plutôt que de tenir une téléconférence, comme cela était initialement prévu.

Selon plusieurs sources, l'aide consistera en une enveloppe financière globale de 85 milliards d'euros, dont 35 seraient destinés à l'assainissement et la recapitalisation du secteur financier et 50 au gouvernement irlandais, afin notamment de garantir les créances actuelles des banques.

La contribution des différents bailleurs de ce plan - Fonds européen de stabilité financière (FESF), Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) et FMI - n'a pas encore été arrêtée. La décision devrait revenir aux ministres des Finances.

La part du FMI devrait s'établir aux alentours de 20 milliards d'euros, a toutefois indiqué l'une de ces sources, qui a ajouté que la part allouée à chaque banque n'était pas non plus déterminée avec précision et serait versée au fil du temps.

L'autre question sur laquelle les ministres devront prendre une décision dimanche est celle des taux d'intérêt auxquels les différentes tranches du plan seront servies.

TAUX D'INTÉRÊT

Samedi, alors que des milliers d'Irlandais ont défilé dans les rues de Dublin pour protester contre les mesures d'austérité, les partis qui devraient former le prochain gouvernement à Dublin ont jugé qu'un accord serait inacceptable si ce taux d'intérêt était trop élevé.

Eamon Gilmore, dirigeant du Parti travailliste (opposition), a jugé "très inquiétant" une information de la chaîne publique RTE selon laquelle le taux d'intérêt des 85 millions d'euros de prêts pourrait atteindre 6,7%.

Le Fine Gael, principale formation de l'opposition, a quant à lui déclaré qu'un taux de plus de 6% serait inacceptable.

Mais selon le ministre de la Communication, Eamon Ryan, l'accord n'est pas entièrement au point et comportera plusieurs types de prêts à taux d'intérêt différents, le chiffre de 6,7% étant supérieur à ce que paiera Dublin.

Le gouvernement de Brian Cowen a présenté cette semaine un plan de réduction des déficits sur quatre ans qui doit se traduire par 15 milliards d'euros d'économies et de hausses d'impôts. Le vote du budget 2011 est prévu le 7 décembre.

Ce programme prévoit des milliers de suppressions de postes dans la fonction publique, une hausse graduelle de la TVA et des économies sur les aides sociales, mais laisse intacte la très avantageuse fiscalité des entreprises, avec un taux de l'impôt sur les sociétés de 12,5% dont la France ou l'Allemagne souhaitent un relèvement.

Selon une source proche des négociations, les Vingt-Sept ne chercheront pas forcément à imposer immédiatement à Dublin une hausse de ce taux et pourraient attendre quelques mois avant de remettre ce dossier sur la table.

CONTAGION

Une fois le plan d'assistance européen bouclé, le couperet pourrait tomber sur le Portugal, qui a adopté vendredi un budget de rigueur pour 2011 mais peine à atteindre ses objectifs de réduction de déficits.

Lisbonne a démenti être en passe de réclamer une aide, et le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a estimé que les cas de l'Irlande et du Portugal ne sont pas comparables.

Les autorités européennes ont estimé vendredi que si la crainte d'une contagion à d'autres pays fragilisés est réelle, le Portugal est en mesure d'éviter un plan de sauvetage en mettant en oeuvre des réformes structurelles et en précisant les mesures destinées à réduire les déficits.

De son côté, l'Espagne, citée comme la prochaine sur la liste après le Portugal, a réaffirmé au cours du week-end son engagement à mener des réformes dans la transparence afin d'assainir ses finances publiques et relancer son économie.

"Le gouvernement fait son travail", a déclaré samedi le président du gouvernement espagnol, José Luiz Rodriguez Zapatero, à l'issue d'une réunion avec plus de trente dirigeants des plus grandes entreprises du pays.

Ce dernier s'est entretenu sur la situation de la zone euro avec le président Nicolas Sarkozy, qui a également joint par téléphone le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, le Premier ministre portugais, José Socrates et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.

Ces discussions se situent dans le prolongement de l'entretien téléphonique entre Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, jeudi, et de sa rencontre avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, vendredi à Paris, a précisé l'Elysée.