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Police-Justice

L'Opus Dei au coeur d'un procès à Paris

L'Opus Dei, organisation catholique très controversée, est au coeur d'un procès qui s'est ouvert jeudi à Paris à propos de supposés abus sur une employée d'une école d'hôtellerie liée à cette institution. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

L'Opus Dei, organisation catholique très controversée, est au coeur d'un procès qui s'est ouvert jeudi à Paris à propos de supposés abus sur une employée d'une école d'hôtellerie liée à cette institution. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé - -

PARIS (Reuters) - L'Opus Dei, organisation catholique très controversée, est au coeur d'un procès qui s'est ouvert jeudi à Paris à propos de...

PARIS (Reuters) - L'Opus Dei, organisation catholique très controversée, est au coeur d'un procès qui s'est ouvert jeudi à Paris à propos de supposés abus sur une employée d'une école d'hôtellerie liée à cette institution.

L'Opus Dei s'estime injustement mis en cause par cette affaire qui ne le concernerait pas, ont dit à la presse une porte-parole et une responsable de communication dépêchées au tribunal. L'organisation soutient par ailleurs les deux prévenues, qui sont membres de l'Opus Dei.

Le dossier examiné par le tribunal a été ouvert par la justice française il y a une décennie, avec la plainte en novembre 2001 d'une élève devenue employée de l'Ecole technique privée d'hôtellerie Dosnon de Couvrelles (Aisne), puis d'un hôtel situé à proximité.

Claire de Bardon de Ségonzac et Agnès Duhail, deux responsables de cette école, comparaissent pour travail dissimulé et rétribution "contraire à la dignité", ainsi qu'une association chapeautant l'école.

La plaignante leur reproche le traitement qu'elle dit avoir subi pendant 15 ans, mélange selon elle d'endoctrinement religieux et d'esclavage domestique.

Le procès doit s'achever vendredi et le jugement sera mis en délibéré.

Créé en 1928, l'Opus Dei est une "prélature personnelle" liée au Vatican et reconnue par la papauté, présente dans 61 pays. L'organisation se voit imputer par ses détracteurs des pratiques sectaires et totalitaires, un culte du secret et une proximité avec l'extrême-droite, des accusations qu'elle réfute.

"NUMÉRAIRE AUXILIAIRE"

L'instruction s'est penchée sur le sort de la plaignante, traitée pour une dépression et qui a été recueillie par ses parents début 2001, au moment d'une de ses très rares sorties, alors qu'elle ne pesait plus que 39 kilos.

Elle est restée deux ans et demi en arrêt de travail et n'avait plus la force de se laver et de manger seule.

Entrée dans l'école au milieu des années 1980, puis devenue employée, elle dit avoir été contrainte d'effectuer des tâches domestiques, de servir et ranger entre l'aube et le crépuscule, sept jours sur sept, et avoir eu obligation de voeux religieux.

Elle aurait ainsi été astreinte à l'obéissance, la pauvreté et la chasteté et affirme avoir été contrainte à signer un testament concédant par avance l'intégralité de son patrimoine à venir à l'Opus Dei et l'engageant à ne se marier qu'à l'âge de 37 ans.

Elle raconte enfin avoir été accompagnée constamment, y compris lors des visites médicales, par des membres de l'Opus Dei, et dirigée vers des médecins membres de l'organisation.

Ces accusations ne seront cependant pas examinées par le tribunal, un non-lieu partiel sur l'accusation d'abus de faiblesse et de mise en danger ayant été rendu faute de preuves en cours d'instruction.

Rodolphe Bosselut, avocat de la plaignante, entend cependant évoquer lors de ce procès la contrainte qu'évoque sa cliente.

"Elle avait ce statut de 'numéraire auxiliaire', celui d'une jeune femme laïque qui a prêté des voeux et qui est affectée toute sa vie à des tâches ménagères, sans possibilité d'évolution", a-t-il dit à la presse.

Thierry Laugier, avocat de la défense, se dit content que ce procès se tienne. "La chance qu'on va avoir, c'est qu'on va pouvoir revenir sur de nombreux mensonges et inexactitudes exprimées par la partie civile", a-t-il dit aux journalistes.

Béatrice de la Coste, porte-parole de l'Opus Dei en France, réfute toutes les accusations de sectarisme : "Notre vocation, c'est d'aimer le Christ et de faire le bien autour de nous".

Thierry Lévêque avec Reuters TV, édité par Yves Clarisse