L'incroyable «affaire Krombach» devant la justice

Après 29 ans de procédure, Dieter Krombach comparaît à partir de ce mardi devant les assises de Paris pour le meurtre présumé de la petite Kalinka Bamberski. C'est le père de la victime qui aurait commandité l'enlèvement de l'accusé pour mettre fin à sa cavale.

C'est l'aboutissement judiciaire d'une incroyable affaire, vieille aujourd'hui de presque trente ans. Le 10 juillet 1982, Kalinka, âgée de 14 ans, est retrouvée morte en Bavière où elle passe des vacances avec sa mère et le compagnon de celle-ci, Dieter Krombach, médecin de son état.

Selon ce dernier, le décès de l’adolescente est un accident survenu après l'injection d’une préparation « pour l’aider à bronzer ». La justice allemande ne le poursuivra jamais. En revanche, la justice française le condamne par contumace en 1995 à 15 ans de réclusion criminelle pour « coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner ».

Innocenté en Allemagne, mais condamné en France

L'exhumation du corps de la jeune fille et une nouvelle autopsie avait en effet montré que la version des faits de l'accusé n'était pas crédible. Mais le père de Kalinka, André Bamberski (de nationalité française) ne se résigne pas à savoir celui qu'il estime être le meurtrier de sa fille en liberté outre-Rhin.

Il engage alors des investigations privées et réunit des éléments contre le docteur Krombach. Notamment une condamnation à deux ans de prison avec sursis en 1997 pour le viol d'une lycéenne de 16 ans, endormie par anesthésie. Bamberski découvre également que la première épouse du cardiologue allemand est décédée en 1969 après une injection...

Arrêté en Allemagne en 2000, Dieter Krombach est relâché. En 2006, il passe deux ans en prison pour « exercice illégal de la médecine ». Il sort en 2008.

Excédé, le père de Kalinka décide de surveiller par ses propres moyens le médecin allemand. Quelques mois plus tard, Dieter Krombach est enlevé par plusieurs hommes et livré comme un colis à la police française.

La justice, convaincue qu'André Bamberski est le commanditaire de l'enlèvement, jugera ce dernier à Mulhouse d'ici la fin de l'année.