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Police-Justice

L'ex-patron des "stups" mis en examen: un "grand flic" qui assume ses méthodes

Thierry François, ancien patron des "Stups", peut compter sur le soutien des policiers.

Thierry François, ancien patron des "Stups", peut compter sur le soutien des policiers. - AFP

François Thierry, ancien patron de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, a été mis en examen pour "complicité de trafic de drogue". La justice lui reproche ses méthodes un peu particulières qui auraient favorisé les affaires de son principal indic.

Parmi les rangs des policiers qui luttent contre les trafics de drogue, on lui affiche un soutien sans faille. François Thierry, l'ancien patron de l'Octris, l'office qui lutte contre les trafics de drogue, a été mis en examen, jeudi soir tard après 10 heures d'audition face aux juges d'instruction, pour "complicité de trafic de stupéfiants". Un coup dur pour l'actuel numéro trois à la sous-direction de l'antiterrorisme (SDAT) à qui on reproche des méthodes controversées.

Pendant six années, le commissaire de 49 ans a dirigé ce fameux service des stups, basé à Nanterre, et mené nombre de missions en changeant la manière de gérer les indics. Des méthodes qui ont donné "des résultats exceptionnels", vante aujourd'hui son avocat Me Szpiner. Pourtant, dans ce dossier, ce sont bien les manières de faire de François Thierry qui sont mises en cause et sa proximité avec certains de ses informateurs.

Favoriser les trafics

L'affaire a été lancée avec une saisie record réalisée en octobre 2015 par les hommes de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières. Ce jour-là, ils mettent la main sur 7,1 tonnes de cannabis stockées dans trois camionnettes stationnées boulevard Exelmans, dans le XVIe arrondissement de Paris. Rapidement, l'enquête permet de remonter à un certain Sofiane Hambli, trafiquant notoire qui vit à quelques mètres de là où la saisie a été faite. Trafiquant, certes, mais surtout indic de l'Octris et plus particulièrement du grand patron.

La drogue saisie par les douanes était, en réalité, "surveillée". Certes la méthode n'a rien d'inédite mais dans le cas de François Thierry, la justice estime que le numéro 1 des "stups" à l'époque n'a pas assez suivi cette livraison impressionnante de drogue. Les juges lui reprochent même d'avoir favorisé les affaires de son "tonton" -aujourd'hui en détention provisoire- d'avoir laissé passer plusieurs dizaines de tonnes de cannabis et de ne pas avoir informé la justice d'où se trouvait la drogue.

"Nous n'aurions jamais accepté la livraison d'une seule tonne de résine de cannabis sous couvert de l'opération d'infiltration", a expliqué un magistrat en charge du dossier à l'époque, comme le rapporte Le Figaro.

Méthodes qui marchent

Jusqu'alors l'enquête n'a pas démontré d'enrichissement personnel. Et c'est bien ça dont s'est défendu François Thierry, qui peut poursuivre son action à la SDAT malgré cette mise en examen, devant les policiers de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) lors de sa garde à vue en mars dernier, et devant les juges d'instruction jeudi.

Lui assume ses méthodes qui consistaient à laisser passer la drogue sur le territoire français afin d'identifier les plus gros réseaux de stupéfiants et de les démanteler. "Aujourd’hui, les trafiquants de drogue peuvent se réjouir parce qu’on vient de condamner des méthodes avec une formidable hypocrisie", a d'ailleurs dénoncé, sur France Inter, Me Francis Szpiner.

Et de marteler: "Ce qui est certain c’est que c’est un coup d’arrêt donné à la lutte contre le trafic de stupéfiant."

Justine Chevalier