BFMTV
Police-Justice

L'affaire de proxénétisme de Lille se dirige vers la police

L'enquête sur une affaire de proxénétisme à Lille, qui a déjà entraîné la mise en examen de cinq personnes, devrait se développer cette semaine avec l'audition attendue de plusieurs policiers pour déterminer leur rôle éventuel dans un présumé réseau. /Pho

L'enquête sur une affaire de proxénétisme à Lille, qui a déjà entraîné la mise en examen de cinq personnes, devrait se développer cette semaine avec l'audition attendue de plusieurs policiers pour déterminer leur rôle éventuel dans un présumé réseau. /Pho - -

PARIS (Reuters) - L'enquête sur une affaire de proxénétisme à Lille, qui a déjà entraîné la mise en examen de cinq personnes, devrait se développer...

PARIS (Reuters) - L'enquête sur une affaire de proxénétisme à Lille, qui a déjà entraîné la mise en examen de cinq personnes, devrait se développer cette semaine avec l'audition attendue de plusieurs policiers pour déterminer leur rôle éventuel dans un présumé réseau.

Trois dirigeants de l'hôtel de luxe Carlton et un entrepreneur sont déjà écroués pour "proxénétisme aggravé", et l'avocat Emmanuel Riglaire est également poursuivi pour les mêmes faits et placé sous contrôle judiciaire.

Si les connections de ces suspects dans la police ou ailleurs pour l'organisation de ce commerce vont être explorées, l'implication supposée de personnalités politiques comme clients éventuels des prostituées ne constitue pas en revanche un objectif de la procédure, expliquent des sources proches du dossier.

Les noms cités dans le dossier par des prostituées n'ont pas fait l'objet de vérifications.

Avoir une relation avec une prostituée n'est pas illégal en droit français, à moins qu'il soit démontré que la prostituée était mineure et que le client le savait.

Des avocats impliqués dans le dossier laissent entendre qu'on tenterait d'étouffer l'affaire. "Les juges poursuivent leur travail, maintenant des policiers sont concernés par ces auditions. Il ne serait pas acceptable que le dossier quitte Lille pour tenter d'enterrer l'affaire", a prévenu l'avocat du directeur du Carlton, Me Frank Berton vendredi.

"Je sens des pressions dans ce dossier, il y a des fonctionnaires de police qui doivent être entendus" a-t-il ajouté.

UN COMMISSAIRE POSSIBLE SUSPECT

Un des policiers, un commissaire en activité, est soupçonné d'avoir mis en relation à Paris des prostituées avec des personnalités. Les clients pourraient être entendus dans un second temps comme témoins.

La justice a ordonné vendredi la fermeture administrative pour trois mois de trois hôtels appartenant à deux des hommes mis en examen. Une centaine de salariés a prévu de se rassembler lundi devant le Carlton pour dénoncer cette mesure.

L'affaire a commencé en Belgique où plusieurs personnes, gérants de bars de nuit et de salons de massage, ont été interpellées pour avoir organisé un réseau de prostitution employant de jeunes adultes et quelques mineures.

Les enquêteurs belges ont passé le relais à ceux de Lille car les prostituées ont expliqué franchir régulièrement la frontière pour aller dans le Carlton de Lille.

Le responsable du service de relations publiques de l'hôtel Carlton, connu du milieu de la nuit à Lille et en contact avec des policiers, a été le premier interpellé, avant le directeur de l'hôtel, qui a en partie reconnu les faits, son propriétaire et un chef d'entreprise de travaux publics.

Me Emmanuel Riglaire, poursuivi, peut cependant continuer d'exercer son métier d'avocat et il se dit innocent des faits qu'on lui reproche, un rôle d'intermédiaire entre une de ses clientes et les proxénètes présumés.

La prostitution dans les hôtels français, en particulier dans les palaces, ainsi que dans des bars où des "hôtesses" sont susceptibles de proposer des services sexuels est un tabou en France mais de nombreux dossiers judiciaires ont déjà mis en évidence qu'il s'agissait d'une pratique répandue.

Ainsi, en 2003 à Paris, la Britannique Margaret MacDonald avait été jugée pour avoir mis en contact des prostituées occasionnelles et volontaires avec de riches clients, pour des rencontres qui se déroulaient dans des grands hôtels de Paris.

La Britannique avait dénoncé devant le tribunal "l'hypocrisie" supposée des autorités françaises, qui toléraient, selon elle, l'existence de nombreux réseaux de prostitution.

Elle faisait remarquer que son commerce s'effectuait souvent par des petites annonces très explicites publiées dans de grands quotidiens.

Pierre Savary avec Thierry Lévêque à Paris