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Police-Justice

Justine Vayrac a-t-elle été droguée avant son meurtre?

Un ami de Justine Vayrac assure que la jeune femme, retrouvée morte jeudi, avait trouvé le goût de son champagne étrange pendant la soirée. Des analyses sont effectuées pour chercher d'éventuelles traces de drogues dans son sang.

Deux jours après la découverte du corps de Justine Vayrac, des zones d'ombres sur son meurtre subsistent. Un suspect, Lucas L., a été mis en examen jeudi et placé en détention provisoire après avoir avoué, à la fin de sa garde à vue, avoir tué la jeune femme de 20 ans.

Il a dit "avoir tué la victime alors qu'ils étaient tous deux à son domicile et qu'ils venaient d'avoir un rapport sexuel consenti", a déclaré le procureur de Limoges, Baptiste Porcher, lors d'un point-presse jeudi. Le corps de Justine Veyrac a été retrouvé enterré en lisière d'un bois à une vingtaine de kilomètres de Brive-la-Gaillarde, dans un secteur proche du logement du principal suspect.

Une coupe de champagne au "goût bizarre"

Mais une autre version des faits pourrait émerger, mise en lumière par le témoignage de Théo, un ami de Justine Vayrac. Âgé de 20 ans également, Théo s'est confié aux enquêteurs, mais aussi au Figaro et au Parisien.

"Pendant qu’on dansait, Justine m’a dit que sa coupe de champagne avait un goût bizarre. J’ai fini son verre et lui ai tendu le mien pour la rassurer", a raconté le jeune homme au Parisien.

Au Figaro, il a dit avoir bu environ un quart du verre et ne pas s'être sensti mal ensuite.

Justine se sentant malade, elle est sortie avec son ami de la boîte de nuit où ils passaient la soirée dans la nuit de samedi à dimanche. Les deux ont alors croisé alors le principal suspect dans cette affaire, Lucas L., selon le témoignage de Théo.

"Pendant qu’elle vomissait, elle répétait: 'Je suis sûre qu’on m’a mis un truc dans mon verre'. Lucas disait de ne pas s’inquiéter, qu’elle avait tout évacué de toute façon", poursuit Théo dans Le Parisien.

Des analyses après l'autopsie

L'enquête devra donc déterminer si Justine a été droguée pendant la soirée, et si Lucas L. en est le responsable. Cela passera notamment par des analyses après son autopsie, a expliqué vendredi sur BFMTV Christophe Bartoli, président de la Société française de médecine légale, une fédération de professionnels du secteur.

"Une autopsie et des analyses seront réalisés dans les meilleurs délais pour formellement confirmer l'identité de la victime, établir la cause de la mort, la nature des violences subies, ainsi que pour vérifier la présence éventuelle de substances étrangères dans le sang" de la victime, a ainsi déclaré jeudi le procureur de la République de Limoges.

Selon Christophe Bartoli, qui précise ne pas connaître les détails de cette affaire, la procédure standard pour ce type d'enquête est d'effectuer "des prélèvements sanguins, d'urines, de viscères, de cheveux" pour les analyser ensuite.

Notion d'empoisonnement

S'il est avéré que le mis en cause a placé de la drogue dans le verre de Justine Vayrac, "cela changera les réquisitions du procureur puisqu'il y aura une notion d'empoisonnement", explique samedi sur BFMTV maître Florence Rouas, avocate pénaliste. L'empoisonnement est défini dans le Code pénal comme "le fait d'attenter à la vie d'autrui par l'emploi ou l'administration de substances de nature à entraîner la mort".

Cela pourrait aussi faire émerger la notion de préméditation, "pas forcément du meurtre", mais aussi par rapport au chef d'accusation de viol, souligne Florence Rouas. La préméditation est considérée comme une circonstance aggravante dans le Code pénal et peut entraîner un alourdissement de la peine.

Les traces peuvent disparaître

Même si Justine avait été droguée, les traces de ces faits pourraient toutefois ne pas être détectées par les analyses, relève le général François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale.

François Daoust pointe samedi sur BFMTV une "difficulté" pour l'enquête: certaines substances peuvent être "très volatile[s], c'est-à-dire avoir été ingérée[s] mais ne plus être trouvée[s] dans le corps".

Le GHB par exemple est une substance qui reste présente dans le sang et les urines pendant moins de 12 heures, selon Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes d'Île-de-France. "Si un test n’est pas réalisé directement après la prise, il y a de grandes chances que la substance ne soit plus détectable", ajoute-t-il sur son site.

Après les aveux de Lucas L., le procureur de Limoges a ouvert une information judiciaire a été ouverte pour viol, séquéstration sans libération volontaire avant le septième jour, et meurtre, précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime. Le magistrat a rappelé jeudi que la peine encourue était la prison à perpétuité.

Sophie Cazaux