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Police-Justice

Jugé pour violences conjugales, une des victimes d'Outreau reconnaît des tentatives de meurtre

Le tribunal correctionnel de Versailles.

Le tribunal correctionnel de Versailles. - -

Aujourd'hui âgé de 32 ans, Cherif Delay avait été violé et violenté par sa mère et son beau-père dans son enfance. Il a reconnu ce lundi des tentatives de meurtre.

Jugé ce lundi pour des violences conjugales par le tribunal correctionnel de Versailles, Cherif Delay, l'une des victimes de l'affaire d'Outreau, a reconnu des tentatives d'homicide contre les deux plaignantes, des faits passibles des assises qui ont poussé le tribunal à demander de nouvelles investigations.

Cherif Delay, 32 ans, comparaissait pour des faits de violences aggravées contre deux de ses anciennes compagnes. Le grand public le connaît par son statut de victime dans l'affaire Outreau. Lorsqu'il était enfant, Cherif Delay a été violé et violenté par sa mère et son beau-père, Myriam Badaoui et Thierry Delay.

Depuis, son parcours est chaotique, entre séjours en hôpital psychiatrique et renvois devant le tribunal - il a déjà été condamné 14 fois depuis 2008, notamment pour des faits de violences conjugales, pour lesquels il était de nouveau jugé lundi.

"J'ai voulu les tuer"

Mais, depuis son box, Cherif Delay a reconnu des crimes plus graves. "J'ai voulu les tuer, je savais ce que j'allais faire", a-t-il expliqué à la surprise générale du tribunal.

L'une des plaignantes a notamment reçu un coup de couteau à la cuisse lors d'une dispute. L'autre a été menacée d'un pistolet. "Il y avait deux balles, une pour elle et une pour moi", a-t-il reconnu.

À la barre, ses deux ex-compagnes ont livré des témoignages poignants, décrivant des relations toxiques, où elles étaient sous l'emprise de cet homme violent et jaloux, qui les frappait et les menaçait avec des couteaux.

"J'avais l'impression de le mériter, il me faisait croire que j'étais une pute et qu'il me frappait parce que je le méritais", a expliqué l'une d'entre elles, en pleurs, à la barre.

"Je n'aime pas les femmes, j'ai un problème avec ça. J'assume mon côté violent", a expliqué le prévenu, qui a refusé de justifier ses actions par son passé de victime. "Je ne suis pas responsable de qui je suis mais je suis responsable de ce que je fais", a-t-il assuré.

L'affaire renvoyée

Le tribunal s'est déclaré incompétent pour juger ces faits et a demandé à ce que l'affaire soit renvoyée devant un juge d'instruction.

Si Cherif Delay devait être jugé pour tentative de meurtre par conjoint, il risquerait la perpétuité. Pour les faits pour lesquels il comparaissait initialement ce lundi, il risquait un maximum de 14 ans de prison, justifié par l'état de récidive dans lequel il se trouvait.

Il devait être entendu dès ce lundi soir par un juge d'instruction.

E.F. avec AFP