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Police-Justice

Joggeuse de Bouloc: qui est le suspect mis en examen?

C'est à partir de ce portrait robot, diffusé peu de temps après les faits, qu'un homme a été interpellé quatre ans après le meurtre de la joggeuse Patricia Bouchon.

C'est à partir de ce portrait robot, diffusé peu de temps après les faits, qu'un homme a été interpellé quatre ans après le meurtre de la joggeuse Patricia Bouchon. - BFMTV

Pratiquement quatre ans jour pour jour après le meurtre de la joggeuse Patricia Bouchon à Bouloc, un homme a été interpellé, mis en examen et placé en détention provisoire, lundi. Âgé de 35 ans, il serait un solitaire et un toxicomane, déjà placé en garde à vue à deux reprises dans cette affaire.

C’est un rebondissement, presque quatre ans jour pour jour après le drame. Un homme a été mis en examen lundi pour "homicide volontaire" et placé sous mandat de dépôt, dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Patricia Bouchon, une mère de famille présentée sans histoires, sauvagement assassinée le 14 février 2011, dans le petit village de Bouloc, près de Toulouse, alors qu'elle faisait son jogging.

Laurent D., qui est désormais le principal suspect d'une affaire qui a déjà mobilisé des dizaines de gendarmes depuis les faits, est âgé de 34 ans. Aujourd'hui comme avant, il nie son implication. Ancien employé du bâtiment, plaquiste, il serait un marginal, solitaire et toxicomane, au comportement parfois agressif. Pour mieux cerner le personnage, une expertise psychiatrique a été demandée, selon les précisions apportées lundi par le procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau.

Il démissionne peu de temps après le meurtre

Toujours selon cette même source, l'homme placé en détention provisoire est également connu pour des troubles psychiatriques importants. Depuis les faits, il avait demandé un arrêt de travail d'un mois, dix jours après le meurtre, pour suivre des soins psychiatriques à la demande d'un psychiatre qu'il était allé voir sur les conseils d'un ami. Il a démissionné après son arrêt de travail et n'a jamais repris son métier.

Depuis, il a subi des hospitalisations d'office, des "traitements très lourds". "Il est présenté comme psychotique", a souligné le procureur. Ce dernier a insisté sur le fait que la mise en examen ne remettait nullement en cause la présomption d'innocence, expliquant qu'il n'y avait pas de trace ADN exploitable dans l'enquête. "Il a toujours nié les faits", a répété le procureur. "Le juge estime qu'il existe des indices graves et concordants, mais en l'état de l'instruction, cela ne justifie pas un renvoi aux assises et constitue encore moins une preuve de culpabilité", selon Pierre-Yves Couilleau. Le suspect était "à l'époque un oiseau de nuit privé de sommeil". Il était adepte des "paradis artificiels, alcool et toxiques divers", a-t-il dit.

Auditionné en 2011, placé deux fois en garde à vue en 2014

"Ce suspect avait été auditionné une première fois en octobre 2011 dans le cadre des investigations des enquêteurs", avait indiqué plus tôt une source proche du dossier consultée par l'Agence France-Presse (AFP). "Il a ensuite été placé en garde à vue en janvier et, en juin 2014, après avoir été reconnu par plusieurs témoins comme l'homme du portrait-robot diffusé en 2013", a-t-il par ailleurs été précisé.

Parmi les indices "concordants" relevés par le procureur, figure notamment le fait que le suspect avait été reconnu par un témoin sur portrait-robot et qu'il a toujours nié avoir eu une Clio claire, comme celle signalée, alors que de nombreuses personnes de son entourage l'associent à cette voiture. De plus, lors de ces précédentes gardes à vue en janvier et juin 2014, les enquêteurs avaient été intrigués par plusieurs déclarations. "J'ai fait mon deuil pour Patricia Bouchon. Je n'y pense plus", avait-il notamment dit, avant d'embrasser la photo de la victime. "Je n'ai aucun remords dans cette affaire. Je la connaissais à peine", avait-il ajouté. Il n'avait jamais fourni d'alibi.

Plus d'une dizaine de personnes placées en garde à vue

Patricia Bouchon, 49 ans, secrétaire dans un cabinet d'avocats toulousains et mère de famille sans histoires, était partie le 14 février 2011 vers 4 heures 30, comme chaque matin, faire son jogging autour de Bouloc, à 25 km au nord de Toulouse. Cette femme mince de 1,60 m et 50 kg, aux cheveux châtains clairs, n'était jamais revenue. Son corps a été retrouvé un mois et demi plus tard dissimulé dans un conduit d'eau sous une petite route à 14 km de chez elle.

Patricia Bouchon avait eu les vertèbres et le crâne enfoncés par des coups. Son meurtrier avait aussi essayé de l'étrangler, mais n'aurait pas abusé d'elle. Dans cette affaire, plus d'une dizaine de personnes avaient été placées en garde à vue par les gendarmes de la section de recherches de Midi-Pyrénées, puis mis hors de cause.

L'avocat et la famille de la victime restent prudents

L'avocat de la famille de Patricia Bouchon, Me Stéphane Juillard, n'a pas souhaité évoquer les éléments qui ont permis de remonter jusqu'au suspect depuis sa première audition. "Il a fallu faire des recoupements, cela nécessitait du temps", a-t-il simplement déclaré.

"C'est un moment important de l'enquête pour la famille de Patricia Bouchon", a souligné l'avocat. "Nous restons mesurés, prudents, car il y a eu tellement de rebondissements, tellement de déceptions dans cette affaire", a-t-il ajouté.

Auprès de BFMTV, Me Stéphane Juillard a fait preuve de la même prudence. "Nous ne voulons pas d'un coupable de circonstance", a-t-il averti.

Jé. M. avec AFP