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Police-Justice

Jihad: trois candidats présumés à la guerre sainte jugés à Paris

L'entrée du tribunal correctionnel de Paris, où trois candidats au jihad seront jugés jeudi et vendredi.

L'entrée du tribunal correctionnel de Paris, où trois candidats au jihad seront jugés jeudi et vendredi. - -

Alors que deux lycéens, qui partaient pour le jihad en Syrie, ont été récupérés en Turquie dimanche, trois jeunes hommes comparaissent à Paris pour avoir planifié le même projet.

Qu'est-ce qui pousse de jeunes Français à plaquer leur quotidien pour épouser la cause du jihad en Syrie? La question s'est posée très récemment avec l'interpellation en Turquie de deux lycéens de Toulouse. Elle sera jeudi au coeur du procès de trois jeunes hommes, qui pourraient avoir eu le même projet.

Youssef E., un Franco-Marocain de 26 ans, Fares F., 21 ans et Salah G., 24 ans, tous deux Franco-Algériens, sont poursuivis pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". L'accusation leur reproche d'avoir voulu se rendre sur une terre de jihad, comme la Syrie, pour se procurer des armes, suivre un entraînement militaire et combattre. Leur procès devant le tribunal correctionnel de Paris est prévu jusqu'à vendredi.

Un voyage en Syrie par la Turquie

Les trois jeunes vivaient chez leurs parents à Villejuif, Malakoff et Paris. Depuis la région parisienne, ils auraient d'abord projeté un départ commun pour le Yémen via la Tunisie, la Libye et le Soudan. Selon les enquêteurs, ils auraient finalement décidé de rejoindre un camp de réfugiés syriens en Turquie pour prendre des contacts, avant de partir en Syrie.

Ils ignoraient néanmoins qu'ils étaient sous surveillance policière. Tous trois ont été interpellés le 14 mai 2012 au comptoir d'enregistrement de l'aéroport de Saint-Etienne, alors qu'ils s'apprêtaient à prendre un vol pour Giazantep, en Turquie, avec une escale à Istanbul.

Seul le plus jeune, Fares F., a reconnu le projet jihadiste. Il affirme avoir voulu faire marche arrière après les assassinats commis par Mohamed Merah à Toulouse, estimant "qu'un combattant de Dieu ne pouvait pas tuer des enfants". Pour autant, il explique ne pas avoir quitté le groupe de peur que "l'émir", Youssef E., ne le déclare "apostat" - autrement dit un traître.

Des caméras pour un film de propagande?

Les deux autres prévenus, eux, nient en bloc. Youssef E. clame qu'ils se rendaient en Turquie pour faire "un reportage", et qu'ils voulaient donner une caméra à un contact qui se rendait en Syrie afin qu'il filme sur place. Aux enquêteurs, Fares F. a affirmé que les caméras trouvées dans leurs bagages étaient destinées à filmer leur jihad pour encourager les jeunes Français à les suivre. Et à leur servir d'alibi.

Difficile d'ailleurs pour Youssef E. et Salah G. de tenir leur version à l'audience: l'accusation se fonde en effet sur de nombreuses écoutes téléphoniques, où les trois hommes s'expriment clairement sur leurs projets, sur le contenu de leurs ordinateurs et téléphones portables, sur des achats logistiques et leurs relations avec des personnes impliquées dans des projets similaires.

M. T. avec AFP