BFMTV
Police-Justice

Jérôme Morin, "abruti de fonctionnaire", à nouveau suspendu

Jérôme Morin risque gros, car le conseil de discipline à venir pourrait bien décider d’une révocation.

Jérôme Morin risque gros, car le conseil de discipline à venir pourrait bien décider d’une révocation. - -

L'auteur des livres "On ne réveille pas un fonctionnaire qui dort" et "Abruti de fonctionnaire" aurait dû reprendre le travail à la mairie de Pontault-Combault ce matin. Au lieu de cela, on lui a signifié une nouvelle suspension d'une durée de quatre mois pour manquement à son devoir de réserve.

Drôle de surprise pour Jérôme Morin, qui retournait au travail ce 11 février après un an de mise à pied. Le fonctionnaire de mairie, qui a reçu la plus dure sanction disciplinaire de France l’année dernière pour n’avoir pas respecté son droit de réserve, était attendu par le directeur général accompagné d’un huissier, et s’est vu signifier une nouvelle suspension de quatre mois.

Jérôme Morin est l’homme derrière deux brûlots.
Jérôme Morin est l’homme derrière deux brûlots. © -

Jérôme Morin est l’homme derrière le brûlot intitulé Abruti de fonctionnaire. Ce livre édité à compte d’auteur et vendu à plus de 5.000 exemplaires veut dénoncer l’incompétence et les dysfonctionnements de la mairie imaginaire de Poufoulah, comprenez Pontault-Combault. Il a été condamné à une suspension de 18 mois dont 6 avec sursis le 7 février 2013, puis mis en examen pour diffamation. La procédure est toujours en cours.

Cette fois-ci, il risque gros, car le conseil de discipline à venir pourrait bien décider de sa révocation, c’est-à-dire de la perte définitive de son emploi, de son statut de fonctionnaire et de ses 15 années d’ancienneté à valoir pour la retraite, comme il l’explique à BFMTV.com: "Ce serait à la fois la banqueroute familiale et l’anéantissement de ma carrière professionnelle".

"Certains agents ont peur de travailler avec lui"

En cause, la réédition de son livre aux éditions de l’Archipel, retravaillée dans une nouvelle mouture et tirée à 8.000 exemplaires, intitulée On ne réveille pas un fonctionnaire qui dort. "Entièrement modifiée pour ne pas porter atteinte à la ville", ainsi que l’indique son auteur. Pour sa part, Monique Delessard, la maire de Pontault-Combault contactée par BFMTV.com, ne le voit pas du tout de cet œil: "Il viole à nouveau son droit de réserve en faisant la promotion de son nouveau livre, et revendique publiquement, par voie de presse, la volonté de nuire à la commune".

L'élue justifie son arrêté de suspension par son obligation de "protection fonctionnelle": elle a le devoir de mettre ses agents en sécurité lorsqu’ils demandent sa protection. C’est ce qui s’est passé le 7 février dernier, quand le comité d’hygiène et de sécurité des agents municipaux l’a saisie. Un agent de la mairie confirme: "Certains agents, qui se sont reconnus dans les livres, ont peur de travailler avec lui. Il y a des tensions réelles dans le service. Les agents ne le soutiennent pas du tout".

La maire ne confirme pas que l’objectif est la révocation: "Ce délai de suspension de quatre mois pendant lesquels il continuera de recevoir son traitement, va nous permettre de nous consulter. Je voudrais qu’il nous explique la raison de cet acharnement".

L'élection municipale comme planche de salut?

Pour Jérôme Morin, ce n’est que le nouveau chapitre d’une histoire interminable. Outre la plainte de la mairie pour diffamation - qu’il a contestée devant la justice, l'employé de mairie remet en cause auprès du tribunal administratif l’impartialité du conseil de discipline qui lui a valu sa sanction exemplaire. En effet, se trouvait parmi les membres du conseil une personne avec laquelle il avait déjà eu un différend.

Par ailleurs, Jérôme Morin se réserve le droit de mener une procédure à l’encontre de la mairie pour abus de pouvoir et harcèlement, et prévoit déjà de contester la sanction à venir au terme du prochain conseil de discipline, "jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme s’il le faut, en faisant valoir la liberté d’expression et l’intérêt général du débat public que j’ai provoqué".

Jérôme Morin n’a pas l’intention d’abandonner: "Je mène un combat difficile, l’objectif n’est pas personnel. J’ai écrit des bouquins pour dénoncer des choses, pas pour devenir écrivain. J’espère qu’un jour on va reconnaître que j’avais raison et me sauver".

Le prochain épisode se déroulera donc au conseil de discipline, qui doit se tenir d’ici à quatre mois, à moins que... Jérôme Morin compte beaucoup sur la très prochaine élection municipale, qui pourrait bien renverser la situation: "La chance que je peux avoir, ce serait que Monique Delessard ne soit pas réélue et que le candidat suivant annule toutes les procédures. Ses opposants devraient me rétablir, ils ont compris qu’à travers ce livre, il y a le combat contre l’acharnement d’une personne".

Olivier Laffargue