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"Je suis un voleur, pas un tueur": les accusés du meurtre de Mireille Knoll se rejettent la faute

Croquis d'audience de Yacine Mihoub (g) et Alex Carrimbacus, au premier jour de leur procès pour le meurtre de Mireille Knoll, le 26 octobre 2021 à Paris

Croquis d'audience de Yacine Mihoub (g) et Alex Carrimbacus, au premier jour de leur procès pour le meurtre de Mireille Knoll, le 26 octobre 2021 à Paris - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Alex Carrimbacus, l'un des deux hommes jugé pour le meurtre de Mireille Knoll en mars 2018, a admis avoir volé des objets mais nie toute participation dans la mort de l'octogénaire.

"Vous êtes conscient qu'à ce moment-là, si on en croit votre version, vous êtes la seule personne à pouvoir vous opposer à ce meurtre." Pendant près de 5 heures, Alex Carrimbacus, l'un des deux accusés du meurtre de Mireille Knoll, a livré à la cour d'assises de Paris sa version des faits qui se sont déroulés le 23 mars 2018 qui ont conduit à la mort de l'octogénaire dans son appartement du 11e arrondissement.

Silhouette frêle, vêtu d'une chemise bleue, le jeune homme de 25 ans reconnaît volontiers le vol mais nie toute participation dans le meurtre de la vieille dame, atteinte de la maladie de Parkinson et diminuée physiquement, tuée de 11 coups de couteau dont un porté à la gorge. Un événement qui l'a "tétanisé", "choqué", qui l'a "empêché de dormir" et qu'il essaie "d'oublier".

"Je suis un voleur, pas un tueur... j'étais un voleur", a plaidé Alex Carrimbacus.

"J'avais peur"

Alors que le président lui laisse la parole pour raconter ses faits, le jeune homme l'assure: il n'a fait qu'obéir à Yacine Mihoub, son co-accusé. Il lui a obéi quand il lui a dit de venir à Nation pour "un plan thunes", puis à Avron pour enfin se retrouver finalement dans l'appartement de Mireille Knoll. Il lui a obéi quand il est allé acheter une bouteille de porto dans un supermarché du coin avant de revenir pour le servir lui et la vieille dame. Il lui a obéi quand il lui a dit de fouiller l'appartement. Il lui a obéi quand il est allé à la fenêtre pendant que Yacine Mihoub portait l'octogénaire vers sa chambre.

Puis la vieille dame l'appelle: "Je vois M. Mihoub avec le couteau sur la gorge (de Mireille Knoll, NDLR) en disant 'Allahou Akbar'. Je savais pas quoi faire, j'avais peur. Il met ses mains autour du cou, et il me dit 'regarde elle n'est plus en vie, elle a payé pour ce qu'elle a fait'. J'avais peur."

Alex Carrimbacus, consommateur connu de cannabis, de crack ou de Subutex, et condamné pour des cambriolages, sortait de prison. C'est d'ailleurs en détention qu'il a connu Yacine Mihoub, qu'il dit se présenter comme "un trafiquant d'armes avec les Russes". À l'époque des faits il dit être dans une optique de "réinsertion", à la recherche d'un travail alors qu'il a 12.000 euros de dettes. "J'en avais terminé avec les bêtises, je voulais plus faire de conneries, je voulais en terminer avec la justice", dit le jeune homme affirmant que "c'est sur place que j'ai compris que c'était pour un cambriolage".

Une minimisation des faits?

Selon les éléments du récit de Carrimbacus, Mireille Knoll serait décédée en 17h17 et 17h26. Lui et Yacine Mihoub seraient alors restés 45 minutes- 1 heure dans l'appartement. Qu'ont-ils fait pendant ce laps de temps? "Yacine Mihoub m'a demandé de mettre des objets dans mon sac, il est venu me demander mon briquet, je lui ai donné", poursuit le plus jeune des deux coaccusés, affirmant que Mihoub a ensuite mis le feu à plusieurs endroits dans l'appartement. Puis les deux hommes sont sortis, le sac rempli d'objet appartenant à la vieille dame, pour se rendre au 7e étage chez la mère de Mihoub.

"L'incendie, c'est parce que vous donnez votre briquet, le vol, c'est parce qu'on vous dit de voler, n'êtes-vous pas dans une minimisation de ce que vous avez fait ce jour-là, quoique vous avez fait", le presse Me Gilles-William Goldnadel, l'avocat des fils de Mireille Knoll.

"J'ai obéi", rétorque Alex Carrimbacus, assurant à plusieurs reprises avoir eu "peur" de Mihoub, "peur des représailles" pour lui et sa famille. "Il m'impressionnait, le mec qui fait du trafic d'armes avec des Russes, c'est pas commun", maintient-il. Et d'éprouver des "remords" et des "regrets": "Aujourd'hui je sais que j'aurais dû partir, j'aurais dû prévenir, j'aurais dû faire plein de choses. À chaud, je ne savais pas quoi faire. Avec le recul, je sais, je sais, j'aurais dû faire quelque chose."

"Vous êtes choqué mais vous contactez un club libertin cette nuit là, quand même...", ironise alors le président de la cour d'assises.

Version contre version

Si Alex Carrimbacus s'en tient à cette version, l'accusation et les parties civiles n'ont eu de cesse de relever ses incohérences. Pourquoi avoir jetté le sac remis par Mihoub sans même regarder ce qu'il y avait dedans alors qu'il pouvait contenir l'arme du crime? Pourquoi avoir accepté de le revoir le lendemain du meurtre? POurquoi ne pas l'avoir dénoncé? "Ca fait beaucoup d'absence de réflexion", tranche le président de la cour d'assises.

Yacine Mihoub, brièvement interrogé ce vendredi soir sur les faits avant le meurtre, a lui rejeté la faute sur son co-accusé. "Moi je l'ai pas tuée votre grand-mère. Moi j'ai demandé à Mme Knoll si je pouvais inviter un ami, je ne savais pas qu'il allait faire ce qu'il a fait", a scandé le trentenaire, alors , à l'intention d'Alexandre Knoll, le petit-fils de la victime. Lui reconnaît simplement l'incendie et encore moins une intention antisémite.

"Je mens pas sur les faits. Je mens sur ma vie quotidienne, pas sur les meurtres", conclut-il.
https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV