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Police-Justice

"J'aurais dû être chez moi": aux premières comparutions immédiates, de nombreux jeunes sans casier

Des premières comparutions de jeunes, mis en cause pour les violences de ces dernières nuits, se sont déjà tenues vendredi. Elles révèlent des prévenus souvent là "par hasard".

Ne pas mettre "tout le monde dans le même lot". Victorine était présente vendredi au tribunal de Nanterre alors que son fils était jugé pour "destruction de bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes". A savoir un feu de poubelle dans la nuit de mardi à mercredi à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine.

"Il est sorti vers 18 heures", explique à BFMTV sa mère. Regard baissé, épaules basses, il reconnaît avoir été à proximité du feu mais ne pas l'avoir allumé. Il avait été identifié avec les images de vidéosurveillance, avec à ses côtés, un autre jeune garçon, mineur. Au tribunal, il affirme que c'est ce dernier qui a allumé le feu de poubelle. Il "regrette" d'avoir été présent.

"C’est le seul ami qui était là pour traîner", dit le jeune homme de tout juste 18 ans depuis quelques jours.

Des "regrets"

Le prévenu n'a pas de casier judiciaire. Il vit chez sa mère et est scolarisé. "Il n'a jamais eu de souci, il va à l'école, nous confie Victorine, sa mère. Je ne vois pas ce que mon fils fait ici. Il n'a rien fait, je suis vraiment déçue de tout ce que le procureur demande. En mettant tout le monde dans le même lot, on va gâcher la vie de certains jeunes, on doit juger au cas par cas."

31 personnes ont été interpellées dans la nuit de mardi à mercredi, 150 dans la nuit de mercredi à jeudi et 875 dans la nuit de jeudi à vendredi. Le garde des Sceaux a annoncé vendredi. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a réclamé une réponse pénale "rapide, ferme et systématique" à l'encontre des auteurs de violences urbaines mais aussi de leurs parents.

Les premières comparutions immédiates pour des faits présumés de violences ou de dégradations confirment ce qui se dessinait. Les prévenus sont de jeunes, à peine majeurs, qui étaient "posés" ou là par hasard. Pour beaucoup leur casier est vierge.

"J'aurais dû être chez moi"

Yamadou a lui aussi été jugé au tribunal de Nanterre. Agé de 21 ans, il a été interpellé dans la nuit de mercredi à jeudi devant la mairie de Villeneuve-la-Garenne visée par des feux d'artifice. Il est soupçonné d'avoir tiré au mortier d'artifice sur la police.

Bien inséré professionnellement et inconnu des services de police, le prévenu dit être passé par là en rentrant du travail et s'être arrêté pour "snapper" les événements (les diffuser sur Snapchat), lorsqu'il a "trouvé" un feu d'artifice "dans un buisson". "C'est la première fois que j'allume un mortier et c'est la dernière fois", soutient penaud Yamadou, tout de noir vêtu, qui se défend d'avoir visé les forces de l'ordre.

Le procureur lui reconnaît de "ne pas être un grand délinquant" mais d'avoir commis une "erreur". Le tribunal le condamne à quatre mois de prison avec mandat de dépôt.

Maillot de Manchester United sur les épaules, Amaury I., 22 ans, reconnaît sa présence sur un toit de Nanterre pour faire le guet mais dément avoir jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Il dit n'éprouver envers elles aucune haine. "Je regrette d'avoir été sur ce toit. J'aurais dû être chez moi avec ma mère", concède-t-il avant d'écoper de six mois de prison ferme avec incarcération immédiate.

Justine Chevalier avec Justine Fontaine