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"J'ai mis du C4 partout": des lycées visés par des menaces terroristes après le piratage de comptes ENT

Des centaines de lycéens ont reçu des menaces d'un individu qui promet de les "décapiter" et de faire "exploser" leur établissement, a appris BFMTV. La vigilance sera renforcée devant les établissements concernés ce jeudi 21 mars.

"Je décapiterai tous vos corps de kuffars pour servir Allah le tout-puissant". De nombreux lycéens ont reçu cette menace sur leur espace numérique de travail (ENT) ce mercredi 20 mars, a appris BFMTV auprès de l'Académie de Paris. Le rectorat de Créteil confirme également ce jeudi matin le piratage des ENT dans deux lycées dans son secteur, alors qu'une autre source nous a expliqué que six lycées des Yvelines auraient constaté ce piratage.

Selon le ministère de l'Éducation à BFMTV, une vingtaine d'établissements sont touchés par ce piratage, uniquement en Île-de-France.

Le compte d'un jeune a été piraté, permettant à un individu d'envoyer un message aux autres élèves. L'auteur, dont l'identité n'a pas été communiquée, dit agir au nom de l'État islamique et affirme qu'il passera à l'acte ce jeudi entre 11 et 15 heures, en faisant "exploser" les établissements.

"J'ai mis du C4 partout dans le lycée et dans les classes. J'espère que vos corps de kuffars vous exploser en 1.000 morceaux, je ramenerais mes chiens pour venir vous déchiqueter bande de mécréants", peut-on lire dans ce message.

Une vidéo "très choquante" de décapitation est attachée cette missive. L'individu dit qu'elle montrera aux jeunes "comment tuer facilement tous [les] mécréants" et lance un appel pour être rejoint dans les attaques.

Signalement Pharos effectué

Des messages dans les lycées concernés ont été envoyés pour demander d'éviter de télécharger cette vidéo afin d'éviter le piratage des téléphones et ordinateurs, et de supprimer le mail en question sans l'ouvrir. Ce jeudi 21 mars, la vigilance sera renforcée autour de ces établissements. Les préfectures concernées ont été prévenues. Un dépôt de plainte et un signalement Pharos ont été effectués après l'envoi du message sur l'ENT, a-t-on également appris.

"Ce sont des faits extrêmement fréquents", précise toutefois à BFMTV une source judiciaire, qui rappelle que ces menaces sont "essentiellement de mauvaises blagues": un canular.

Une "vérification est systématiquement réalisée" pour s'assurer qu'il s'agit bien d'un canular, rappelle cette source. Dès mercredi soir, les policiers "passaient au peigne fin" un établissement dans les Hauts-de-Seine, rapportent nos confrères du Figaro.

Le ministère de l'Éducation condamne des "menaces graves"

Sollicité par BFMTV, l'entourage de la ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet assure "prendre toute menace visant l'école au sérieux" et dit "condamner ces menaces graves".

"Les services de police immédiatement avisés font le nécessaire pour s'assurer de la sécurité des élèves. Plusieurs levées de doute ont déjà été effectuées entre hier soir et ce matin. Des services d'enquête spécialisés sont mobilisés pour identifier le ou les auteurs", nous indique-t-on.

L'entourage de la ministre précise par ailleurs qu'un accompagnement psychologique est proposé "à tous les enfants ou adultes qui ont visionné malgré eux les vidéos choquantes".

Ce n'est pas la première fois qu'un message de ce genre est publié sur un compte ENT. En janvier 2023, une opération déminage avait eu lieu au lycée Baggio à Lille. L'auteur d'une missive similaire disait aussi avoir "mis du C4 partout dans le lycée et dans les classes" et promettait de faire "exploser" l'établissement.

Ces derniers mois, les alertes à la bombe dans les lycées et établissements scolaires se sont multipliées. L'Éducation nationale en a dénombré 800 rien qu'entre septembre et novembre 2023. Contacté en février 2024 par BFMTV, le ministère n'avait pas de nouveaux chiffres à communiquer.

Ariel Guez avec Alexandra Gonzalez et Véronique Fèvre