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Police-Justice

Infanticide: une mère récidiviste jugée dans l'Ain pour avoir tué ses deux bébés

Le procès d'Audrey Chabot doit durer jusqu'au 6 mars.

Le procès d'Audrey Chabot doit durer jusqu'au 6 mars. - Philippe Desmazes - AFP

Cette mère de famille a déjà été condamnée en 2005 pour un premier infanticide. Libérée en 2011, elle a caché ses deux nouvelles grossesses avant de noyer ses nouveaux-nés.

Selon son avocat, elle "a l'intention de dire la vérité". A partir de vendredi, la cour d'assises de l'Ain va juger une mère soupçonnée d'un double infanticide. Audrey Chabot, 34 ans, comparaît pour avoir noyé puis congelé ses deux bébés en 2011 et 2012. La jeune femme avait déjà été condamnée en 2005 pour un premier infanticide.

Peu après 9 heures vendredi, Audrey Chabot s'est présentée devant la cour d'assisses. Mince, cheveux bonds coupés au carré, la jeune femme a décliné son identité d'une voix ferme et assurée. Poursuivie pour "homicides volontaires sur mineurs de moins de 15 ans", son procès doit durer jusqu'au 6 mars.

Noyés dans le bac à douche

Cette affaire sordide éclate le 24 mars 2013 quand le compagnon d'Audrey Chabot, déjà mère d'un adolescent, découvre un petit corps dans le congélateur de l'appartement à Ambérieu dans l'Ain où vivait la jeune femme. L'homme alerte immédiatement les gendarmes. Ce sont eux qui feront une seconde macabre découverte en retrouvant un autre corps congelé dans l'appartement. 

Placée en garde à vue, Audrey Chabot admettra avoir accouché une première fois à l'automne 2011 puis une seconde fois en 2012. Nés viables, les deux petits garçons ont été noyés dans le bac à douche, pour le premier une semaine après sa naissance.

Déjà condamnée en 2005

A chaque fois, l'entourage de la jeune femme ignorait tout de ses grossesses. Elle avait caché sa grossesse à son petit ami, qui ne vivait pas avec elle. Audrey Chabot est tombée enceinte la première fois quelques semaines seulement après être sortie de prison. "Elle s'est dit qu'elle n'avait pas le droit d'être mère, car elle avait tué son premier enfant", explique son avocat, Me Jean-François Canis. Poursuivant: "Elle a caché sa grossesse au père du bébé parce qu'elle pensait que si elle le lui révélait, il la quitterait." Le père des bébés, un technicien, s'est constitué partie civile.

Pour son premier infanticide, la jeune femme avait été condamnée en 2005 à 15 ans de réclusion criminelle. Sa mère, qui l'avait aidé à se débarrasser du corps, avait elle écopé de 18 ans de réclusion criminelle. Le 28 mars 2002, Audrey Chabot avait accouché clandestinement dans des toilettes. Alors mère d'un petit garçon de deux ans, dont elle avait confié l'éducation à sa mère, elle vivait avec sa famille sur la base militaire d'Ambérieu.

Onze experts vont se succéder

Jusqu'à ce jour de 2002, aucun signe ne trahissait une éventuelle grossesse. "Désemparée" après son accouchement, raconte Le Parisien, elle avait appelé sa mère à l'aide. C'est cette dernière qui avait coupé le cordon ombilical, avant d'étouffer l'enfant et de déposer le petit corps dans une maison en ruine. Conduite à l'hôpital, Audrey Chabot indiquera avoir fait une fausse couche. Les médecins ne croiront pas à cette version et effectueront un signalement auprès des autorités. 

Au procès, l'argument du déni de grossesse sera balayé par les experts estimant que la jeune femme alors âgé de 24 ans déjà mère ne pouvait être dans le déni.

Pour ce second procès, pas moins de onze experts, dont six psychiatres et psychologues, vont être écoutés par la cour. Décrite pendant l'instruction par des spécialistes comme une femme "d'intelligence moyenne", présentant une "altération du discernement" mais "pas de maladie psychiatrique", Audrey Chabot encourt désormais la réclusion à perpétuité avec une peine de sûreté minimale de 22 ans. 

Justine Chevalier avec AFP