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Police-Justice

Indre: le directeur d'un festival de reggae dénonce un dispositif de sécurité "disproportionné"

Les gendarmes ont procédé à des contrôles routiers aux abords du festival.

Les gendarmes ont procédé à des contrôles routiers aux abords du festival. - Loic Venance - AFP

Le directeur du festival Issoudun Reggae Temple, qui se déroulait du 18 au 20 novembre dans l'Indre, a adressé un courrier au préfet pour réclamer des explications sur le dispositif de sécurité trop important selon lui. Il y voit une volonté de la part des autorités de "stigmatiser" des festivaliers. La préfecture défend "le bien-fondé du dispositif".

"Ce ne sont pas moins de 50 gendarmes qui ont été mobilisés dans la ville de 13 000 habitants." Joffrey Deriaud, le directeur du festival Issoudun Reggae Temple, ne décolère pas. Alors que l'événement s'est tenu du 18 au 20 novembre, il vient d'envoyer un courrier à la préfecture de l'Indre pour réclamer des explications quand au dispositif de sécurité mis en place autour de la manifestations.

Pour la direction du festival, qui estime à 50 le nombre de militaires présents, le dispositif de sécurité était trop important. Contactée par BFMTV.com, la préfecture de l'Indre précise que, pour la durée de la manifestation, 29 gendarmes et une équipe cynophile ont été déployés.

"Stigmatisation"

Selon le directeur du festival qui se tient à Issoudun dans l'Indre depuis quatre éditions, il ne s'agissait pas pour les autorités de protéger les festivaliers mais bien de les "stigmatiser". "Cette année, la présence de gendarmerie n’était, contrairement à ce qu’indique le préfet, pas à but de prévention mais clairement dans une logique de répression et de chiffre", lance Joffrey Deriaud dans sa lettre ouverte, ironisant sur l'absence de "quelques hélicoptères pour passer au niveau supérieur.

"Vous parlez courageusement de dispositif de prévention, je parle de stigmatisation d’une population, et par n’importe laquelle, celle qui compose la France dans sa diversité, celle qui a besoin plus que jamais de s’épanouir dans des temps bien sombres", poursuit-il.

L'an dernier, le festival, qui accueille chaque année environ 2.000 personnes, avait été maintenu une semaine après les attentats du 13-Novembre. A l'époque, assure le fondateur et programmateur de l'événement, les mesures de sécurité avaient été renforcées avec le doublement du nombre de vigiles et l'installation de portiques. Favorisant selon lui le succès du festival aujourd'hui menacé par cet excès sécuritaires.

"Vous avez sabré ce dernier point (les retombées touristiques, NDLR) donnant à Issoudun une image de bastion sécuritaire inapprochable et terne", assène Joffrey Deriaud.

"Bien-fondé du dispositif"

Pour la section locale du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), cette situation n'a rien d'exceptionnelle. "Le NPA tient à dénoncer la présence répressive systématique des forces de l'ordre à la sortie des festivals locaux", insiste Antoine Godon, le porte-parole du parti dans l'Indre. Pour lui, sous couvert des mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence, le préfet de l'Indre "en profite pour multiplier les contrôles de stupéfiants et d'alcoolémie aux abords des festivals".

Seymour Morsy se défend lui par les résultats. "Le nombre d'infractions constatées en matière de conduites addictives (cinquante-six) doit convaincre tout le monde du bien-fondé du dispositif mis en place", détaille le préfet de l'Indre. "Grâce au service d'ordre mis en place et à l'engagement des militaires de la gendarmerie, cette soirée a pu se dérouler en sécurité aussi bien pour le public que pour les artistes", conclut-il.

Justine Chevalier