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Police-Justice

Incendies: quel est le profil psychologique des pyromanes?

Les feux de forêt consument les forêts méridionales et corses depuis plusieurs jours. Les enquêteurs soupçonnent certains de ces départs d'incendies d'être d'origine criminelle. BFMTV a voulu en savoir plus sur le profil des pyromanes.

Depuis la fin du mois de juillet, de nombreux feux ont balayé les forêts du sud de l'Hexagone et de la Corse. Après que les pompiers ont étouffé l'incendie, le travail des enquêteurs est de faire la lumière sur une possible origine intentionnelle de ce dernier. A Palneca (Corse-du-Sud), où le feu ravage toujours les bois ce jeudi soir, le maire de la commune, Pierre Santoni, a lancé ce même jour sur BFMTV: "A priori, ce serait criminel. C’est un peu tôt pour le dire, mais l’enquête s’orienterait sur cette piste."

"Des gens qui n'ont pas pu exprimer leur agressivité"

Quel est l'état d'esprit de ces criminels des flammes, ces pyromanes, qui provoquent sciemment l'embrasement d'hectares entiers de végétation? Pierre Lamothe est un psychiatre spécialisé dans la délinquance. En 46 ans de carrière, il a eu, à plusieurs reprises, l'occasion de croiser la route de pyromanes. Il en tiré divers enseignements psychologiques et les a livrés devant nos caméras: "C’est le fait de mettre le feu qui les excite. Ce sont très souvent des gens qui n’ont pas pu exprimer leur agressivité, même quand elle était légitime, et qui ont toujours été obligés de se retenir. A ce moment-là, ça s’accumule, ça s’accumule jusqu’au moment où ça se décharge." Il a ajouté: "L’expression ‘jouer avec le feu’ dit bien ce qu’elle veut dire, c’est-à-dire qu’on peut contempler, revenir avec les spectateurs, et rire sous cape d’être celui qui est à l’origine de tout ça et qui est maintenant à côté des spectateurs."

Le pyromane tient moins du malade que du pervers et est bien souvent dans le déni de ses actes. Des traits qui rendent la prise en charge compliquée, comme l'a souligné le docteur Marina Litinetskaia, du service psychiatrie à l’hôpital Maison Blanche à Paris, sur BFMTV: "Nous les voyons très peu parce qu’ils ne sont pas gênés par ce trouble donc la demande de soin est extrêmement rare. Ce n’est pas une maladie." Il est néanmoins possible de venir en aide à l'éventuel patient, encore faut-il qu'il ait conscience de la gravité de son trouble: "On peut changer son mode de comportement à l’aide de thérapies comportementales et cognitives mais il faut qu’il y ait une demande", a noté Marina Litinetskaia. 

La fermeté de la justice

La justice n'hésite pas en tous cas à faire montre de sévérité à l'égard de pyromanes dont la culpabilité est établie en ce qui concerne un départ de feu. Les peines vont, selon les cas, de 15 ans de prison et 150.000 euros d'amende à la réclusion criminelle à perpétuité et 150.000 euros d'amende également si l'incendie a entraîné la mort d'une personne. 

Robin Verner