Immigration: faut-il rétablir le contrôle aux frontières ?

Pour contrôler «l'afflux massif» d'immigrés tunisiens et libyens, la France souhaite rétablir exceptionnellement le contrôle aux frontières à l'intérieur de l'espace Schengen. Une mesure justifiée ou inefficace ? Polémique.

Trois jours après avoir été émise, l'idée de la France de suspendre provisoirement les accords européens de libre circulation de Schengen fait débat. Selon l'Elysée, l'afflux d'immigrants clandestins en provenance de Libye et de Tunisie justifie un rétablissement momentané des contrôles aux frontières à l'intérieur des Etats de l'Union Européenne membres de l'espace Schengen.

« Une immense fumisterie »

Paris s'inquiète notamment de l'octroi par l'Italie, de 20.000 permis de séjours aux migrants qui ont afflué sur son territoire ces dernières semaines. Pour Pierre Henry, directeur de l'association France terre d'asile, la proposition est un trompe-l’œil inutile : « Faire croire aux gens que l'Europe est une passoire, c'est une immense fumisterie. Les contrôles sont de plus en plus présents. Le nombre de demandeurs d'asile dans l'Europe au début des années 2000, c'était 460.000. Aujourd'hui, le nombre de demandeurs d'asile n'est plus que de 260.000. Alors il faut cesser d'instrumentaliser cette question à des fins politiques, c'est insupportable ».

« Quand vous ouvrez votre porte, vous aimez savoir à qui »

Mais pour le député-maire UMP de Menton (Alpes-Maritimes), Jean-Claude Guibal, la proposition de la France est parfaitement justifiée : « Je suis tout à fait pour les contrôles aux frontières. 20.000 migrants, c'est 20.000 personnes qui circulent librement dans vingt-cinq pays, et dont on ne sait pas - parce qu'ils n'ont pas été contrôlés - qui ils sont. Ce peut être des braves gens qui vont chercher du travail, là pas de problème. Mais ce pourrait être aussi bien des partisans de Ben Ali qui fuient d'éventuelles représailles. Il vaut mieux savoir quand même qui circule dans l'espace Schengen. Quand vous ouvrez la porte chez vous, vous aimez savoir à qui vous l'ouvrez ».

La Rédaction et A. Dubiez