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Police-Justice

"Il n'a pas fait de faute": la sœur d'un des pilotes du Rio-Paris défend la mémoire de son frère

Alors qu'Airbus fait valoir des erreurs de pilotage dans sa défense pour le procès du crash du Rio-Paris, Sylvie Robert, la sœur d'un des pilotes, affirme que la situation dans le cockpit n'avait pas de solution.

Le 1er juin 2009, Sylvie Robert a perdu son frère David dans le crash du Rio-Paris. David n'était pas un passager comme les autres, il était copilote sur le vol qui s'est abîmé il y a plus de treize ans au large du Brésil. Le procès qui s'est ouvert en octobre à Paris doit notamment déterminer la responsabilité d'Airbus et d'Air France dans ce crash.

Se défendant de toute "faute" ayant mené à l'accident, Airbus, jugé comme Air France pour homicides involontaires, fait valoir que des "erreurs de pilotage" sont à l'origine de la catastrophe. Pour Sylvie Robert, entendre ce type d'accusation est "douloureux", dit-elle à BFMTV.

"David était un homme responsable, formé, courageux et sérieux. En aucun cas il n'a fait une faute à mon sens", affirme-t-elle.

La soeur du pilote explique avoir écouté les boîtes noires de ce crash avec ses frères et sœurs: "on est tous persuadés qu'il n'y avait strictement aucune solution".

Des sondes givrées

Le 1er juin 2009, les trois sondes Pitot, qui permettent de calculer la vitesse de l'avion, ont givré. Dans le cockpit, cette panne a entraîné la déconnexion du pilote automatique, le basculement dans un mode de pilotage dégradé et de nombreuses alarmes.

Déstabilisés, les deux copilotes, bientôt rejoints par le commandant de bord, ont perdu le contrôle de l'appareil, qui a heurté l'Atlantique moins de cinq minutes plus tard. 228 personnes se trouvaient à bord de l'appareil, elles sont toutes décédées. L'enregistrement sonore du cockpit contenu dans les boîtes noires a été diffusé le 17 octobre, à huis clos.

La compagnie aérienne et le constructeur sont notamment soupçonnés d'avoir sous-estimé le danger et trop peu préparé les équipages au gel des sondes, alors que plusieurs incidents avaient été recensés les années qui ont précédé le crash.

"A l'issue de ce procès, je suis intimement convaincue que des facteurs étaient évitables, par Airbus notamment. Il y a eu un grand nombres d'incidents préalables", souligne Sylvie Robert au micro de BFMTV.

"Les retours d'incidents auraient dû alerter largement le constructeur afin qu'on change ces sondes", ajoute-t-elle.

Jugement dans plusieurs mois

Elle a témoigné à la barre mardi, ainsi que plusieurs membres de la famille du pilote. Depuis le drame, "la 'famille Air France', comme aimait à l'appeler mon frère, a toujours eu de l'empathie", a ainsi estimé son frère Teddy.

Le crash du Rio-Paris en 2009
Le crash du Rio-Paris en 2009 © AFP

Il n'a pas la même opinion d'Airbus. "Vous avez tenté de voler l'image que je me faisais de mon frère, un frère exemplaire, lucide. Vous n'avez pas réussi", accuse-t-il.

"Au total, il n'y a pas eu 225 victimes et trois pilotes défaillants, mais bien 228 victimes et trois sondes Pitot défaillantes".

Le tribunal doit entendre les plaidoiries des avocats des parties civiles début décembre, avant d'écouter le réquisitoire, puis la plaidoirie de la défense. Le jugement sera ensuite mis en délibéré et ne sera pas rendu avant plusieurs mois.

Sophie Cazaux avec AFP