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"Il m'a demandé si j'étais professeur d'histoire": un enseignant confronté à l'assaillant d'Arras témoigne

Une attaque au couteau est survenue ce vendredi au lycée Gambetta-Carnot d'Arras. Enseignant, Martin Doussau a été poursuivi par l'assaillant, qui lui a demandé s'il était professeur d'histoire.

Martin Doussau, un professeur de philosophie au lycée Gambetta-Carnot d'Arras, a témoigné après l'attaque au couteau survenue dans l'établissement ce vendredi 13 octobre en fin de matinée. Il s'est retrouvé confronté à l'assaillant alors que ce dernier venait de "porter plusieurs coups de couteau" à "un agent de l'établissement".

"J'ai voulu intervenir en lui demandant d'arrêter. J'ai été repoussé par quelqu'un qui avait déjà cherché à intervenir. J'ai été poursuivi par l'agresseur qui m'a demandé si j'étais professeur d'histoire: 'T'es professeur d'histoire, t'es professeur d'histoire ? Qu'est-ce que tu veux ?'", a raconté l'enseignant au micro de BFMTV.

Martin Doussau a ensuite réussi à échapper à l'auteur présumé des faits. "Heureusement, on n’était pas loin d'une porte vitrée donc on s'est réfugié et on a barricadé la porte. L'agresseur n'a pas cherché à aller plus loin, il ne pouvait pas aller plus loin. Il était armé que de couteaux", a encore détaillé le professeur de philosophie.

"Le sentiment qu'il s'agissait d'un problème de type politique"

L'enseignant a ensuite observé l'arrivée des forces de l'ordre de loin après une dizaine de minutes, alors que l'assaillant était retourné auprès de l'agent de l'établissement qu'il avait attaqué. "Il est retourné vers la personne qu'il avait blessée, puis cela a pris la forme d'un échange, d'une discussion. La police est arrivée peu après sans tirer de coups de feu. Elle l'a immobilisé avec un taser", a expliqué Martin Doussau.

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Ce professeur de philosophie a pris conscience de l'ampleur de l'incident quand il a découvert qu'un autre de ses collègues était décédé. "On est tous bouleversés par cette situation", a-t-il répété.

Questionné sur le fait que l'agresseur, âgé de 20 ans, recherchait visiblement un professeur d'histoire, Martin Doussau a précisé qu'il avait "eu le sentiment qu'il s'agissait d'un problème de type politique".

"Je ne pense pas qu'il cherchait une personne en particulier mais il semblait que tuer un prof d'histoire correspondait à ce qu'il souhaitait faire", a-t-il reconnu, rappelant la similitude de cette attaque avec celle dont avait été victime Samuel Paty, il y a trois ans, quasiment jour pour jour.

Au total, un enseignant a été tué et deux autres personnes ont été grièvement blessées. Fiché pour radicalisation, l'auteur présumé a crié "Allahou Akbar" avant les faits. Il a ensuite été interpellé, tout comme son petit frère.

Une cellule de crise a été ouverte en préfecture et à la mairie d'Arras. Emmanuel Macron, Gérald Darmanin et Gabriel Attal se sont rendus sur place.

Gabriel Joly