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Police-Justice

Gironde: un Ehpad du groupe Emera visé par une enquête après une plainte pour maltraitance

La petite-fille d'une résidente de 96 ans résidante de l'Ehpad de Gradignan accuse l'établissement "Douceur de France" de "maltraitance".

Une enquête visant un Ehpad de Gradignan, en Gironde, a été ouverte pour "violences habituelles sur personne vulnérable", a annoncé mercredi à l'AFP le parquet de Bordeaux, après une plainte déposée contre le groupe Emera, qui dément ces accusations et parle de "désinformation". "Les auditions du personnel et des plaignants sont en cours", a précisé le parquet à l'AFP, confirmant des informations de plusieurs médias dont France Bleu.

Selon l'avocat de la plaignante, petite-fille d'une résidente âgée de 96 ans, cette dernière a fait l'objet de "maltraitance" au sein de l'établissement "Douceur de France", un Ehpad géré par le groupe Emera à Gradignan, dans la banlieue de Bordeaux. Me Pierre Farge a décrit à l'AFP une situation "effroyable" et évoqué une autre famille désireuse de porter plainte.

"Une angoisse latente, permanente"

"Ma grand-mère a 96 ans et un dentier. Parfois, on ne lui pose pas le dentier donc elle ne peut pas manger et se retrouve en état de dénutrition. Parfois, ils oublient sa toilette. Elle a également le fémur en très mauvais état et elle est en fauteuil roulant, donc elle se retrouve à faire sa toilette seule, sans surveillance", avait témoigné début novembre auprès de RMC celle qui a porté plainte pour sa grand-mère, Alice.

“Quand je dois la laisser là-bas, je me demande si elle va dormir au sec, si elle va pouvoir manger ce soir... C’est un dilemme et une angoisse latente, permanente, au fond du ventre”, ajoute-t-elle.

Emera rejette ces accusations

Le groupe Emera apporte "un démenti formel aux accusations portées à l'encontre de (son) personnel" dans un communiqué transmis à l'AFP. "Nous sommes particulièrement émus par cette campagne de désinformation qui touche de plein fouet nos salariés, pourtant dévoués et profondément engagés au quotidien auprès de nos résidents", ajoute la société.

Emera assure qu'en cas de faits "indésirables", la direction de chaque établissement mène une enquête interne et avertit l'Agence régionale de santé (ARS) concernée.

Des plaintes déposées à travers la France

Selon les informations de RMC, une quinzaine de plaintes ont été déposées récemment à travers la France contre des Ehpad du groupe Emera. Celui-ci répond que 31 de ses 47 établissements en France "ont fait l'objet d'une inspection" ces deux dernières années, "toutes confirmant la conformité des pratiques". Six établissements ont par ailleurs été évalués par la Haute Autorité de Santé (HAS) avec des notes comprises entre 3,6 et 3,98 sur 4, fait valoir Emera.

Fondé en 1987 par Claude Cheton, le groupe compte 7.000 salariés et plus de 100 établissements répartis en France et en Europe. Le chiffre d'affaires d'Emera s'élevait à plus de 230 millions d'euros en 2018, juste avant le rachat en 2019 d'une partie de son capital par les fonds d'investissements Ardian et Naxicap.

Un autre groupe spécialisé dans les résidences pour seniors, Orpea, avait été au centre d'un scandale à la suite de la publication en 2022 du livre-enquête "Les Fossoyeurs", du journaliste Victor Castanet, sur des maltraitances de pensionnaires.

S.C avec AFP