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Police-Justice

Gilets jaunes: la journée hommage aux blessés marquée par des heurts à Paris et Bordeaux

Des violences ont éclaté en fin de cortège, ce samedi, lors de la manifestation des gilets jaunes à Bordeaux

Des violences ont éclaté en fin de cortège, ce samedi, lors de la manifestation des gilets jaunes à Bordeaux - Georges Gobet - AFP

Partout dans le pays, plusieurs marches de gilets jaunes se sont déroulées pacifiquement en hommage aux blessés recensés depuis le début de la crise. Quelques heurts ont éclaté en fin de journée, comme sur la place de la République à Paris.

En pleine polémique sur les LBD, plusieurs milliers de gilets jaunes ont défilé samedi à travers la France pour dénoncer les violences policières, notamment à Paris et Bordeaux où des heurts ont éclaté en fin de manifestations. Ils étaient au plus fort de la journée 58.600 dans tout le pays, selon les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur, données systématiquement contestées par les protestataires. 

Au lendemain de la décision du Conseil d'Etat de maintenir l'usage des lanceurs de balle de défense (LBD) dans les manifestations, une "grande marche des blessés" s'est élancée vers midi à Paris, pour la du mouvement lancé il y a deux mois et demi.

Jérôme Rodrigues dans le cortège

Parties du XIIe arrondissement, plusieurs milliers de personnes ont d'abord rallié dans le calme la place de la République en milieu d'après-midi derrière un kaléidoscope de visages tuméfiés et des banderoles réclamant "l'interdiction" des grenades et des LBD. 13.800 personnes ont participé au cortège, selon le comptage du cabinet Occurence pour un collectif de médias dont BFMTV; 10.500 selon les chiffres officiels communiqués par la Préfecture de police (PP).

Gravement touché à l'oeil droit samedi dernier, le gilet jaune Jérôme Rodrigues a été acclamé à chacune de ses apparitions dans le cortège, qui était dédié aux victimes de violences policières.

"C'est intolérable, inacceptable. Ce sont des blessures qui mutilent, qui détruisent des vies alors que nous sommes des pacifistes", a affirmé Antonio, un des organisateurs de la marche et lui-même blessé par une grenade GLI-F4. 

Des incidents en fin d'après-midi

Les premiers incidents ont éclaté en fin d'après-midi aux abords de la place de la République, où les forces de l'ordre ont commencé à faire usage de lacrymogènes et de canon à eau pour maintenir à distance des manifestants qui leur lançaient des projectiles.

Les échauffourées se sont poursuivies sur la place dans un épais nuage de lacrymogène, où du matériel urbain a été incendié. Vingt-deux manifestants ont été interpellés dans la capitale, selon un décompte provisoire de la PP. L'un d'eux a été évacué par les pompiers après avoir été atteint au visage par un tir de LBD.

"Tout le monde déteste la police", scandaient des manifestants.

Autre place forte de la mobilisation, Bordeaux a été de nouveau le théâtre d'incidents en fin de cortège. Visées par toute sortes de projectiles, les forces de l'ordre ont répliqué en faisant notamment usage de LBD.

Deux policiers blessés à Nantes

A Nantes, deux policiers, également cibles de projectiles, ont été blessés lors d'une manifestation de "gilets jaunes" qui a été émaillée d'incidents et de dégradations.

Saisi d'une demande d'interdiction du LBD, le Conseil d'Etat avait estimé vendredi que le risque de violences dans les manifestations rendait "nécessaire de permettre aux forces de l'ordre" de pouvoir y recourir.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a reconnu que cette arme - utilisée plus de 9.200 fois depuis le début de la contestation - pouvait "blesser" mais en a défendu l'utilisation "pour faire face aux émeutiers".

Du monde à Valence et à Toulouse

Ce samedi, les manifestants avaient également appelé à se mobiliser en masse à Valence, où le président Emmanuel Macron s'était rendu la semaine dernière pour le grand débat national. Quelque 5.400 manifestants ont défilé dans une ambiance bon enfant dans la ville où des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises. Selon la préfecture, 18 personnes y ont été interpellées et "une centaine d'armes blanches ou par destination" saisies.

A Toulouse, autre place forte du mouvement, plusieurs milliers de personnes ont défilé.

Des marches ont également eu lieu à Lille (1.400 personnes selon la police, 2.000 selon les organisateurs), Caen (1.400 selon la préfecture), Tours (2.000, selon une source policière), Chateauroux (1.300, selon la préfecture), Auxerre ou Lyon. Dans chacune des ces villes, les manifestants arboraient cache-oeil, bandages et faux-sang.

A Rennes, Pascale assure avoir vu un jeune perdre un oeil lors "d'une manif contre la loi travail en 2016". "J'ai vu les policiers tirer à 100 mètres dans le tas. Le jeune a perdu son oeil mais ça aurait pu être moi", explique cette dame de 59 ans: "Ces armes sont vraiment dangereuses."

 "Moi en tant que citoyenne et professeur si j'ai des réactions violentes et disproportionnées, j'en assume les responsabilités. Le gouvernement doit aussi assumer", affirmait Sophie, 49 ans, dans le défilé lillois.

A Morlaix, peu avant le début d'une manifestation, Claudie 56 ans, saisonnière au chômage, l'oeil bandé, a confié être là "pour le pouvoir d'achat, une vie meilleure, vivre et non survivre".

Jérémy Maccaud avec AFP