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Police-Justice

Gérald, 28 assassinats: confessions d'un tueur à gages

Gérald Gaillant, tueur à gages québécois, a fait l'objet de 21 portraits-robots.

Gérald Gaillant, tueur à gages québécois, a fait l'objet de 21 portraits-robots. - Capture d'écran le Journal de Montréal

PORTRAIT - Une enquête d’un journal québécois, reprise par le Parisien, jeudi, dévoile les confessions de Gérald Gaillant, tueur à gages sans état d’âme, auteur de 28 assassinats en 25 ans.

Des milliers de pages d'enquêtes policières, plus de cinquante heures d’enregistrement d’interrogatoires, des dizaines de photos de scènes de crimes… : il a fallu plus de six mois aux deux journalistes du Journal de Montréal pour prendre connaissance des 90.000 documents inédits de l’affaire Gérald Gallant. Une enquête publiée sur le site du quotidien québécois, et reprise dans le Parisien ce jeudi, dresse le portrait de ce tueur à gages, auteur de 28 assassinats entre 1978 et 2003, et condamné en 2009 à plusieurs peines de perpétuité.

Dans ses vidéos d'interrogatoires, Gérald Gallant, souvent au bord des larmes, confesse ses crimes, et retrace sa carrière criminelle. Il décrit son enfance comme "l’expérience la plus traumatisante de sa vie". Bègue, de santé fragile, Gérald Gallant est un enfant battu, qui vit la mort de sa mère comme un "soulagement".

"Je n'ai pas réfléchi aux conséquences"

Il quitte l’école à 15 ans, avant de passer son premier séjour en prison à 19 ans, pour un braquage de bijouterie. Il exécutera douze ans plus tard, entre deux contrats, le complice qui l’avait dénoncé. Derrière les barreaux, il rencontre Raymond Desfossés, alors boss du Gang de l’Ouest et trafiquant de drogue, qui lui passe sa première commande. "J’avais une bonne chance de faire partie de cette organisation et d’être riche, confie Gérald Gallant. Je n’ai pas réfléchi aux conséquences à long terme. J’étais jeune." A raison d’un ou deux meurtres par an, il devient le tueur à gages attitré de Desfossés dans la guerre sans merci que se livrent les gangs de bikers québécois.

Exécutions en public

Il peaufine sa technique et son mode opératoire, en s’inspirant des mémoires des tueurs à gages de la mafia américaine. Il exécute ses cibles en public, dans le bar ou le restaurant où elles ont leurs habitudes. Après plusieurs jours de repérages, il passe à l’action: il commande un verre, sur lequel il veille à ne pas laisser d’empreinte, enfile ses gants et appuie sur la gâchette, avant d’abandonner l’arme sur place. En 2001, quelques traces d’ADN laissées sur une bouteille de bière permettront de l’identifier. Pendant ses opérations, Gérald Gallant utilise sa propre voiture, qu’il change régulièrement, enfile une casquette ou un bonnet, et porte des manches longues pour dissimuler la dague tatouée sur son avant-bras. A ceux qui lui passent commande, souvent depuis la crypte d’une église, Gallant dit s’appeler Michel. "Jamais je ne disais que j’étais seul. Ils pensaient que j’avais une équipe de deux ou trois personnes avec moi."

"Il aimait ça, tuer"

A deux reprises, le tueur exécute la mauvaise cible: un détective privé, en 1999, et un patron de bar, deux ans plus tard, abattu à la place d’un gangster. Ce qui n’empêche pas Gérald Gallant d’empocher l’argent des deux contrats. Il va même jusqu’à éliminer une cible dans la petite ville de 6.000 habitants, où il réside. Ses voisins le décrivent comme un "homme très secret": "il régnait en maître sur le quartier, personne n’aurait jamais osé l’embêter". Ses complices le voient comme un tueur à sang-froid: "il aimait ça, tuer. C’est un psychopathe."

Son épouse Claudine n’en saura jamais rien. C’est avec Jacqueline, sa maîtresse devenue sa complice, qu’il dépense en voyages les 400.000 dollars (environ 350.000 euros) que ses contrats lui ont rapportés. Mais c’est pour Claudine que Gérald Gaillant, en prison au moins jusqu’à ses 83 ans, regrette aujourd’hui sa vie de criminel. "Claudine…, gémit-il en essuyant ses larmes lors d’un interrogatoire. Je vais détruire cette femme-là. Sa vie va s’arrêter. Et j’en suis responsable. Je vais m’en vouloir jusqu’à la fin de mes jours."

J.D.