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Police-Justice

Garde à vue prolongée pour l'ex-employé de Liliane Bettencourt

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La garde à vue d'un ancien employé de Liliane Bettencourt à l'origine d'enregistrements clandestins a été prolongée jeudi de 24...

PARIS (Reuters) - La garde à vue d'un ancien employé de Liliane Bettencourt à l'origine d'enregistrements clandestins a été prolongée jeudi de 24 heures, apprend-on au parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine).

L'ancien maître d'hôtel de l'actionnaire principale du géant des cosmétiques L'Oréal, femme la plus riche de France, a enregistré clandestinement pendant plusieurs mois en 2009 les conversations entre sa patronne et d'autres personnes, notamment son gestionnaire de fortune.

Une procédure a été ouverte par le parquet de Nanterre pour "atteinte à la vie privée", qui pourrait valoir des poursuites à cet homme.

Les enregistrements remis à la police, dont des extraits sont publiés par Le Point et Mediapart, laissent présumer des interventions de l'entourage de Nicolas Sarkozy en faveur de Liliane Bettencourt dans le procès qui l'oppose à sa fille ainsi que des dons financiers à plusieurs personnalités de la majorité, dont Eric Woerth et Valérie Pécresse.

Le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre évoque aussi une évasion de capitaux de la Suisse vers Singapour.

L'Elysée s'est refusé à tout commentaire.

Le ministre du Travail, Eric Woerth, dont le nom est cité dans des enregistrements, a déclaré jeudi ne pas avoir touché d'argent de la part de Liliane Bettencourt.

"Je n'ai pas touché d'argent. (...) Je ne sais même pas de quoi il s'agit", a-t-il dit sur RTL.

Si son nom apparaît, a-t-il expliqué, c'est "parce que mon épouse travaille tout simplement dans le 'family office' de Mme Bettencourt". "Elle ne le dirige pas, elle y travaille", a-t-il précisé.

"ON PEUT PLUS AVOIR SA FEMME"

Dans les enregistrements, le gestionnaire de fortune envisage de l'écarter. "Je pense qu'il faut que j'aille voir son mari et que je lui dise que avec le procès et avec Nestlé, il faut (pas) qu'on soit trop manoeuvrants et on peut plus avoir sa femme. Et puis on lui, on lui, on lui donnera de l'argent et puis voilà. Parce que c'est trop dangereux".

Eric Woerth, qui est trésorier de l'UMP, juge par ailleurs "possible qu'il y ait eu des dons dans le cadre de la campagne" pour les élections régionales des 14 et 21 mars 2009.

"La loi le permet. Tout Français peut contribuer à la vie d'un parti politique", a-t-il dit.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, était la candidate de la majorité en Ile-de-France.

Dans l'un des enregistrements, Patrice de Maistre s'adresserait à Liliane Bettencourt en ces termes:

"Elle (Valérie Pécresse) va perdre mais il faut que l'on montre votre soutien. Le deuxième, c'est le ministre du Budget (Eric Woerth à l'époque, ndlr). Il faut aussi l'aider. Et le troisième, c'est Nicolas Sarkozy", dit le gestionnaire.

Françoise Meyers-Bettencourt, fille de la milliardaire, a remis les enregistrements à la police. Elle cherche depuis deux ans à faire condamner pour "abus de faiblesse" un photographe, François-Marie Banier, à qui sa mère, âgée de 87 ans, a fait don de près d'un milliard d'euros.

Liliane Bettencourt se dit saine d'esprit et rejette les arguments de sa fille qui la dit irresponsable. Le procureur de Nanterre Philippe Courroye a classé sans suite la plainte de Françoise Meyers le 3 septembre 2009, mais en vain. Après une citation directe, le photographe sera quand même jugé début juillet prochain.

Laure Bretton et Thierry Lévêque, édité par Sophie Louet