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Garde à vue levée, profil du suspect: ce que l'on sait de l'avancée de l'enquête sur la fusillade à Paris

La fusillade s'est déroulée dans le 10e arrondissement de Paris et a fait trois morts.

La fusillade s'est déroulée dans le 10e arrondissement de Paris et a fait trois morts. - Thomas SAMSON / AFP

La garde à vue de l'homme arrêté après avoir ouvert le feu vendredi à Paris et tué trois personnes a été levée samedi pour des raisons de santé.

Deux hommes et une femme sont morts vendredi dans le 10e arrondissement de Paris, tués par balle lors d'une fusillade. Un homme a tiré à plusieurs reprises devant un centre culturel kurde, situé dans un quartier commerçant animé et prisé de la communauté kurde dans le centre de Paris. Il a également blessé trois hommes, dont un grièvement, avant d'être maîtrisé par plusieurs personnes et arrêté par la police.

• Que sait-on du principal suspect?

L'homme, âgé de 69 ans, est un conducteur de train à la retraite de nationalité française. Selon les informations de BFMTV, il a dit, lors de son interpellation, vouloir s'en prendre à la communauté kurde. On ignore, à ce stade, s'il a réitéré ces propos lors de sa garde à vue, durant ses auditions.

Le mis en cause était déjà connu des services de police et de la justice avant la fusillade de vendredi. Il est mis en examen depuis décembre 2021 pour violences avec arme, avec préméditation et à caractère raciste, et dégradations pour des faits commis le 8 décembre 2021. Il est soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche des migrants sur un campement à Paris et d'avoir lacéré leurs tentes.

Après un an en détention provisoire, il a été remis en liberté le 12 décembre, comme l'exige la loi française, et placé sous contrôle judiciaire, selon la procureure de Paris.

Il a en outre été condamné en 2017 à six mois de prison avec sursis pour détention prohibée d'armes et, en juin dernier, à douze mois d'emprisonnement pour des violences avec armes commises en 2016 contre des cambrioleurs. Il a fait appel de cette condamnation.

Vendredi matin, "il n'a rien dit en partant (...) Il est cinglé. Il est fou", a déclaré à l'AFP le père du suspect âgé de 90 ans, le décrivant comme "taiseux" et "renfermé".

• Pourquoi sa garde à vue a-t-elle été levée?

Au lendemain de l'attaque, le parquet de Paris a annoncé que "le mobile raciste des faits" avait été "ajouté" à l'enquête ouverte pour assassinats, tentatives d'assassinats, violences avec arme, et infractions à la législation sur les armes. L'homme, interpellé vendredi, a été placé en garde à vue dans la foulée.

Mais cette garde à vue a été levée samedi, puisque "le médecin qui a examiné le mis en cause ce jour en fin d'après midi a déclaré que l'état de santé de l'intéressé n'était pas compatible avec la mesure de garde à vue", a communiqué le parquet de Paris en fin de journée.

"Le mis en cause a été conduit à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. La mesure de garde à vue a donc été levée dans l'attente de sa présentation devant un juge d'instruction lorsque son état de santé le permettra", a ajouté le parquet.

Ce dernier doit à nouveau communiquer sur la procédure dimanche.

• Pourquoi le Parquet national antiterroriste n'est-il pas saisi ?

Samedi soir, le Parquet national antiterroriste (PNAT) ne s'était pas saisi de l'affaire. Certaines personnalités ont toutefois qualifié la fusillade d'"attentat", comme le député EELV Julien Bayou, ou d'"acte terroriste", comme Jean-Luc Mélenchon.

De son côté, le porte-parole du Conseil démocratique kurde en France, Agit Polat, a estimé ce samedi qu'il n'y avait "nul doute" sur le fait que son association "soit prise pour cible de cette manière-là relève d'un caractère terroriste et politique". La fusillade a eu lieu devant le siège de l'association.

Les actes de terrorisme désignent, dans le Code pénal, "les infractions commises intentionnellement, en relation avec une entreprise individuelle ou collective, ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur", explique la DGSI sur son site. Le PNAT peut donc se saisir des faits s'il estime que l'enquête met en lumière ces caractéristiques.

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti a déclaré tenir "à rappeler la différence entre un crime raciste, qui est par nature odieux, et un acte terroriste", lors d'une prise de parole devant la presse samedi.

"La différence c'est l'adhésion ou pas à une idéologie politique revendiquée", a-t-il ajouté. C'est ce que doit déterminer l'enquête.

Sophie Cazaux