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Police-Justice

Fillette violée: «On a tous été bluffés par cette enfant...»

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DOCUMENT BFMTV - Jean-Pascal Thomasset, qui dirige l'unité médico-judiciaire de l'Ain, a rencontré pendant près d'une heure dimanche la petite Maëlle, kidnappée et violée. Le médecin témoigne de l'extraordinaire courage et lucidité de la fillette de 5 ans.

La petite Maëlle, dont les analyses médicales ont confirmé ce lundi qu'elle avait été violée lors de son bref kidnapping la veille à Niévroz (Ain), a été immédiatement prise en charge par les équipes de l'unité médico-judiciaire du département. Son directeur Jean-Pascal Thomasset a parlé avec l'enfant de 5 ans pendant une quarantaine de minutes. Voici son témoignage exclusif recueilli par Kelly Laffin.

« Une petite fille extrêmement courageuse »

« Elle racontait les faits tels qu’elle a pu les vivre avec sa perception d’enfant de 5 ans, avec ses mots d’enfant de 5 ans. Un enlèvement, un rapt d’enfant, des violences physiques… elle a tout à fait compris ce qui se passait. Elle a compris que des actes de violence étaient commis contre elle. Elle a compris que l’homme était méchant, qu’elle était en difficulté. Elle a compris tout ça mais avec un regard, une compréhension d’une petite fille de 5 ans et avec ses mots à elle. C’est une petite fille extrêmement courageuse qui verbalise beaucoup ce qui s’est passé. Elle a un étayage familial très solide qui lui permet aujourd’hui de s’exprimer et qui lui a permis de comprendre où était le bien et le mal, que l’homme qui l’avait prise était un homme méchant qui lui avait fait des choses interdites. Mais elle est déjà projetée vers l’avenir, vers la fête de l’école, vers Disneyland que ses parents ont organisé pour elle dans 15 jours. Elle était projetée vers les retrouvailles avec sa famille donc il y avait déjà une vision d’avenir qui émanait du discours de cette enfant et pour nous, c’est très positif et c’est porteur d’avenir. »

« Elle n'aura pas forcément de séquelles »

« Elle n’aura pas forcément de séquelles et il n’est pas forcé que cette enfant ait besoin d’un suivi par la suite. Ce qui est intéressant dans ce dossier là, c’est que l’enfant a tout de suite été protégée de l’émotion des adultes quand elle a été retrouvée. Parce que très souvent ce sont les émotions, les sentiments des adultes aimants - qui vont subitement lui faire prendre conscience qu’elle a couru un grand risque - qui est parfois une émotion disproportionnée, mal maitrisée et cela va mettre l’enfant en souffrance, en traumatisme. L’unité médico-judiciaire a su préserver d’abord la parole de l’enfant immédiatement par l’audition qui s’est faite tout de suite. Ensuite, par la lucidité des parents qui nous ont laissé du temps pour que leurs retrouvailles se fassent ultérieurement après l’audition. Nous avons tous été bluffés hier, les enquêteurs, les experts, nous avons tous été bluffés par cette enfant. Une audition d’enfant de 5 ans qui a subi un tel choc émotionnel, c’est parfois 1h, 1h30 voir 2h avec des enfants qui sont en difficulté, qui reviennent sur ce qu’ils ont dit, qui oublient, qui vont parfois s’endormir, avoir faim… Là l’audition s’est faite en moins de 40 minutes. Tout avait été dit avec une précision très pointue, très technique, avec des éléments qu’a donnés l’enfant sur l’agression, sur le comportement de cet agresseur, sur ses habits… Tous les spécialistes qui ont été auprès d’elle pendant ces 48h sont unanimes pour dire que cette petite fille est exceptionnelle. Le pronostic aujourd’hui s’annonce porteur d’espoir. Cela ne veut pas dire qu’on va oublier l’agression, qu’on ne va plus y penser, mais cela signifie qu’on va apprendre à vivre avec et fermer ce chapitre de l’agression et ouvrir d’autres chapitres d’une vie d’enfant qui se profile pour cette dernière. »