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Police-Justice

Femme renversée par un motard policier : témoignage exclusif

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Au lendemain du décès de la dame renversée par un motard policier lundi soir à Paris, les témoignages divergent.

Le motard de la police qui a renversé une femme sur un passage piéton boulevard Soult à Paris lundi soir a été mis en examen pour « homicide involontaire aggravé » par l'état alcoolique. Placé en garde à vue, il a été suspendu de ses fonctions par la préfecture de police de Paris. Agé de 29 ans, il fait partie de la brigade motocycliste de la direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police. La femme, qui a eu un bras et une jambe sectionnés sous la violence du choc, est décédée mercredi matin des suites de ses blessures.

Durant sa garde à vue, le policier a expliqué avoir vu une personne s'engager sur un passage piéton, une femme qui aurait aussi remarqué l'arrivée de ces deux motards. Le policier indique qu'il a alors freiné à sa vue, mais il remarque qu'elle fait un pas en arrière. Il accélère donc à nouveau, croyant qu'elle s'est arrêtée, et c'est là que le terrible choc s'est produit. Une mauvaise appréciation des distances et des mouvements de cette femme, en somme. Le problème, c'est que le policier était aussi en état d'alcoolémie, avec 0,77 grammes d'alcool dans le sang. Il reconnaît avoir consommé de l'alcool pendant son service, ce qui est évidemment formellement interdit. L'enquête devra maintenant déterminer si le policier roulait à une vitesse excessive, ce que le policier conteste. Il affirme aussi avoir actionné ses girophares bleus et son avertisseur sonore pour indiquer son arrivée, mais les témoins présents sur place ne sont pas tous du même avis.

Ainsi, Franck, qui habite dans l'immeuble situé juste en face du passage piéton, témoigne : « On a entendu une accélération de moto, un choc sourd, on a vu un corps étendu dans les clous, et une dame qui cherchait sa jambe, qui était à 15 mètres. En aucun cas on a entendu ni les sirènes ni les gyrophares. C'est quelque chose de dramatique. On voyait bien le policier qui était vraiment sous le choc après l'accident ».

Ce matin sur RMC, Nordine a lui aussi témoigné. Très choqué, il affirme avoir assisté à l'accident et se montre très virulent à l'égard des policiers : « Il était environ 22 heures. Les policiers ont croisé l'avenue de Saint-Mandé à une allure tout à fait hallucinante, passant le feu rouge de l'avenue de Soult à l'avenue de Saint-Mandé sans ralentir, toutes sirènes à fond. Ils étaient en tenues d'apparats, donc ils n'avaient pas une mission importante, ils n'escortaient ni voiture ni ambulance. Il s'en est suivi un choc épouvantable, à croire qu'ils avaient renversé les bornes qui séparent la chaussée ».

« Les policiers se sont arrêtés, et c'est un élément très important que la préfecture ne vous a pas communiqué, à environ 300 mètres des lieus de l'accident et ont mis entre 3 et 5 minutes pour revenir sur les lieux, ce qui est tout à fait incroyable. Ca démontre la vitesse à laquelle ils roulaient sans justification. Je vous passerai les détails qui ont suivi l'accident, parce que c'est abominable. Mais ce déploiement de forces de l'ordre qui étaient là, cette façon qu'on avait de masquer les choses, d'éloigner tout le monde, cette omerta qui a été mise en place le plus rapidement possible, est absolument dramatique ».

« J'étais à une cinquantaine de mètres du lieu de l'accident, au passage piéton en attendant de pouvoir traverser. Les témoins sur place ont eu un doute un instant : les policiers allaient-ils revenir ? La question s'est posée, ça a été lourd ».

La rédaction avec Aurélia Manoli et Véronique Verdin-Bourdin & Co