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Police-Justice

Faux policiers à La Courneuve : "Ils nous ont attaqués parce que nous sommes Asiatiques"

Cinq faux policiers ont séquestré une famille chinoise dans son pavillon de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, lundi soir. Une agression à caractère raciste selon l'une des victimes. Et dénoncée comme un acte devenu ordinaire.

Elle témoigne à visage caché et préfère rester anonyme. Alors qu'elle était avec ses parents dans leur pavillon de La Courneuve, lundi soir, cinq hommes cagoulés et armés ont pénétré dans leur maison en se présentant comme des policiers.

"J’ai vu des hommes avec des brassards de police, ils ont dit ‘interpellation, police, inspection du travail clandestin’. Quand ils sont entrés, ils ont menotté mon père, ils l’ont poussé contre le canapé. Ils l’ont forcé à s’asseoir et nous aussi. Ma mère et moi", se souvient-elle en tenant fermement ses mains.

L’adolescente porte d'ailleurs encore les marques de l'agression sur ses poignets rougis. Une fois la famille totalement immobilisée, les individus ont commencé à fouiller le domicile en demandant "où est l'argent?". "Suivez-moi je vais vous montrer", a alors répondu la jeune femme, tentant de faire diversion afin d'entraîner les agresseurs ailleurs.

Pendant ce temps, ses parents ont réussi à s'échapper. Une fois dans la rue, ils ont lancé un appel à l'aide. Les voleurs ont pourtant réussi à prendre la fuite avec 3.000 euros, ainsi que des bijoux et des téléphones portables.

"Les Chinois ont la réputation de garder de l'argent liquide"

Encore sous le choc, la jeune fille apparaît résignée:

"Quand on habite dans ce quartier, on a connu au moins un fait comme celui-ci. Ce sont souvent les Asiatiques qui sont attaqués. Et je pense qu'ils nous ont attaqués parce que nous sommes Asiatiques. Si on regarde l'image que la société prête aux Chinois, ils ont la réputation d'être bosseurs, d'avoir de l'argent, de le garder en liquide. Et surtout, ils sont réputés silencieux, ils ne font rien", explique-t-elle.

Au début du mois de septembre, la communauté chinoise s'était mobilisée dans les rues de Paris. L'agression mortelle de Zhang Chaolin, un père de famille chinois à Aubervilliers, avait catalysé une nouvelle fois une colère jusque-là contenue.

Plusieurs milliers de personnes avaient alors défilé pour dénoncer le racisme anti-asiatique, réclamant "la sécurité pour tous". Durant la première moitié de l'année 2016, les actes de violence subis par les Chinois dans cette ville de Seine-Saint-Denis avaient triplé

Un an auparavant, de nombreuses associations avaient interpellé Manuel Valls, à l'époque Premier ministre, sur ce climat d'insécurité ressenti par la communauté asiatique. Une angoisse déjà exprimée à plusieurs reprises lors de mobilisations sporadiques qui ont ponctué l'actualité depuis juin 2010

Marie-Caroline Meijer avec Thibaud Cheminant et Arnaud Faura