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Police-Justice

Faute de place en prison, trois malfaiteurs condamnés relâchés

Faute de place en prison, trois malfaiteurs n'iront pas à la maison d'arrêt de Dreux.

Faute de place en prison, trois malfaiteurs n'iront pas à la maison d'arrêt de Dreux. - -

Faute de place en prison, trois malfaiteurs n'iront pas à la maison d'arrêt de Dreux. Une décision qui surpris Manuel Valls et Christiane Taubira qui demandent des explications.

Y-a-t-il une trop forte surpopulation carcérale à la maison d'arrêt de Chartres, en Eure-et-Loir? Trois malfaiteurs ont été relâchés par décision de justice faute de place. Deux d'entre eux ont été condamnés à trois mois de prison ferme et arrêtés jeudi à Dreux pour exécuter leur peine. L'affaire a été révélée par l'adjoint de la circonscription de sécurité publique de la ville qui compte une zone de sécurité prioritaire (ZSP) mise en place par le ministère de l'intérieur en janvier.

Dans un rapport adressé le même jour à la Direction centrale de la sécurité publique, ce commandant de police écrit que l'officier de police judiciaire de permanence s'est vu signifier, par instruction verbale du substitut de permanence du parquet, de "libérer sans délai" les trois malfaiteurs "sans suites judiciaires au prétexte que la maison d'arrêt de Chartres était 'pleine'".

Parmi les trois délinquants, figure un jeune homme de 26 ans, condamné à trois mois de prison ferme pour rébellion, violences contre un policier, outrages et conduite en état d'ivresse.

"Aucune instruction visant à ne plus écrouer de personnes à la maison d'arrêt de Chartres"

"Nous n'avons aucune instruction visant à ne plus écrouer de personnes à la maison d'arrêt de Chartres. Preuve en est, des personnes jugées en comparution immédiate cette semaine, ont été condamnées à des peines de prison avec mise sous mandat de dépôt", affirme le parquet, démentant ainsi le rapport du commandant de police.

"Dès réception du rapport, nous allons vérifier avec précision de quoi il s'agit, ajoute la même source. Mais à première vue dans cette affaire, il semblerait que les personnes dont il est question, ont été condamnées à des peines de prison ferme allant de deux à trois mois. On serait donc bien dans le cadre des directives de la Chancellerie concernant l'aménagement des peines de prison ferme jusqu'à 2 ans si la personne n'est pas récidiviste, et d'un un an si elle l'est."

Christiane Taubira et Manuel Valls demandent des explications

Christian Estrosi a "dénoncé la remise en liberté de trois voyous par un magistrat du parquet au motif, selon lui, que la prison était pleine". "Indigné et révolté" par la mesure, le député-maire UMP de Nice annonce qu'il vient d'écrire à la Garde des sceaux Christiane Taubira "pour lui demander des explications".

Christiane Taubira a, elle, annoncé ce samedi après-midi que des "informations contradictoires ayant été portées à sa connaissance" à propos de cette affaire, elle a "demandé au parquet général de la cour d'appel de Versailles de bien vouloir lui rendre compte des conditions dans lesquelles le parquet de Chartres a été amené à prendre cette décision au regard notamment des conditions d'application de la circulaire de politique pénale du 19 septembre 2012".

"Cette décision très étonnante, a déclaré Manuel Valls, va à l'encontre de la stratégie décidée conjointement par la Chancellerie et l'Intérieur qui vise à accroitre le concours des forces de sécurité pour faire exécuter les peines". Le ministre de l'Intérieur serait selon son entourage "très surpris de cette décision et inquiet de ses conséquences."

Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint début juillet un nouveau record à 68.569 pour 57.320 places.

M. P. avec AFP