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Police-Justice

"F", ancien dealer de Marseille : « La police nous prévient »

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L’armée n’interviendra pas à Marseille assure le président de la République après un 14e meurtre dans un règlement de compte à Marseille mercredi soir. Sur RMC, "F", un ancien dealer marseillais, assure pourtant que certains élus et policiers sont corrompus.

Le président de la République a affirmé que « l'armée n'avait pas sa place » dans les quartiers nord de Marseille, où les règlements de compte liés au trafic de drogue se multiplient. Avec cette déclaration, François Hollande a balayé l'appel de Samia Ghali, sénatrice-maire (PS) des 15e et 16e arrondissements de Marseille, qui réclame aussi le rétablissement du service militaire pour les jeunes. Une position du président partagée par ses ministres de l'Intérieur et de la Défense.

« On donne des enveloppes et la police nous prévient »

Sur place, à Marseille, RMC a recueilli le témoignage d’un ancien dealer qui souhaite rester anonyme. "F" est né et vit dans les quartiers nord de la ville. Il a une trentaine d’années dont quelques-unes passées en prison, entre autres pour agression ou trafic de stupéfiant. Depuis quelques temps, il tente de refaire sa vie, notamment en allant dans les cités en tant qu’éducateur pour témoigner, éviter que les jeunes ne suivent la mauvaise pente qu’il a connue. Et pour lui, même s’il n’apporte aucune preuve, la frontière entre drogue, violence, police et politique est très poreuse. Il affirme même que les trafiquants de drogue marseillais versent régulièrement de l’argent dans des enveloppes à des policiers pour se protéger. « On donne des enveloppes, je ne vous le cache pas. La police nous appelle ensuite et nous prévient des descentes. Donc après, on se cache. Bien sûr que ça se passe comme ça », explique l’ancien dealer.

« Il fallait payer l’élu »

Et toujours selon ses dires, cette corruption s’étendrait aussi à des élus locaux. « On voulait avoir un local à l’abri pour blanchir notre argent : il fallait payer l’élu, confie "F" sur RMC. Il nous disait qu’on n’avait pas l’accès, qu’il fallait des documents... Mais quand on donnait, on avait l’accès. Il téléphonait un coup et on n'avait qu’à mettre le nom d’une association, l’affaire était réglée. Mais ça, ils ne vous le diront pas. Ils diront qu’on est des menteurs », conclut l’ex-trafiquant. Des policiers marseillais ont déjà été inquiétés pour corruption mais aucune affaire n’a jusqu’à maintenant encore mêlé monde politique et trafic de drogue.

« Des armes ? On passait commande et on en avait »

La drogue, les règlements de compte à Marseille, en tant qu’ancien dealer il connaît parfaitement. Et une chose est sûre selon lui, c’est qu’à Marseille, se procurer une arme, il n’y a rien de plus simple : « Aujourd’hui n’importe quel calibre est fourni. Moi-même je vous le fournis. Je connais des gens, là, sur le marché aux puces qui nous ramenaient des sacs d’armes entiers. On avait le choix, on pouvait acheter ce qu’on voulait. On passait commande et on l’avait. Mais comment faisaient-ils pour passer les douanes ? Aussi facilement ? On veut des armes, peut-importe laquelle : Kalachnikov, fusil à pompe, Beretta. C’est facile ».

Les chiffres du trafic d'armes en France :|||

- 15 000 armes de guerre dans les banlieues
- En provenance des pays de l'Est et plus récemment des pays arabes après les révolutions
- Achetée 300 à 500 euros sur place, elles sont revendues entre 1 000 et 2 000 euros
- "Démocratisation" de ces armes que l'on retrouve de plus en plus souvent entre les mains de petits caïds

Source : syndicats de police et renseignement français. Il n'y a pas de chiffres officiels tenus sur le sujet en France.

La Rédaction avec Lionel Dian