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Police-Justice

Explosion mortelle à Carling : Total jugé pour homicide involontaire

L'explosion sur le site Total de Carling était survenue au redémarrage du vapocraquage.

L'explosion sur le site Total de Carling était survenue au redémarrage du vapocraquage. - Jean-Christophe Verhaegen - AFP

Le 15 juillet 2009, l'explosion d'une installation sur le site pétrochimique Total en Moselle causait la mort de deux personnes et blessait plusieurs autres. Le groupe et l'ancien directeur de l'usine sont jugés à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Sarreguemines.

Un procès attendu depuis sept ans par les victimes et les familles. Total Petrochemicals est jugé à partir de ce lundi, et jusqu'à vendredi, devant le tribunal correctionnel de Sarreguemines, après l'explosion d'une infrastructure sur son site de Carling-Saint-Avold, en Moselle, survenue en 2009 et qui avait causé la mort de deux personnes. Le groupe, ainsi que le directeur du site de l'époque, comparaissent pour "homicide involontaire".

"C'est une très grande satisfaction, assure Me Philippe-Henry Honegger, avocat d'une victime. Ce procès nous redonne beaucoup d'espoir. Nous souhaitons la vérité, nous aurons une semaine pour l'obtenir."

Ce 15 juillet 2009, Maximilien Lemerre, 22 ans, et Jérôme Griffoul, 27 ans, ont trouvé la mort après l'explosion de l'un des deux vaprocraqueurs, une installation qui permettait de produire du gaz servant à la fabrication de matières premières. L’éclatement du système dont les parois tapissées de pierres réfractaires avaient été projetées jusqu’à cent mètres n'avait laissé aucune chance aux deux jeunes employés. Six autres personnes avaient été blessées, dont deux sont à 80% en incapacité de travailler. 

Résultat de négligences?

Depuis ce jour tragique, victimes et familles se battent pour que Total répondent de ces faits devant la justice. "L'instruction a été difficile", concède Me Philippe-Henry Honegger, l'avocat de l'une des victimes. Avec son confrère, Me Steeve Ruben, qui défend Véronique Germain, la mère de Maximilien, ils assurent s'être heurtés "à la loi du silence" dans ce dossier, explique-t-il à BFMTV.com, "où des personnes ont fait des déclarations contradictoires". Des employés qui auraient bénéficié de promotions...

Au total, cinq juges d'instruction différents se sont succédé dans ce dossier, ralentissant la procédure. Pourtant, selon les avocats, l'enjeu de ce procès est simple: "Il s'agit de savoir si cette explosion est le résultat de négligences, détaille Me Honegger. Est-ce que Total et la direction du site ont pris toutes les précautions pour éviter ou ont-ils préféré sacrifier la vie de leur employé sur l'hôtel des bénéfices."

Erreurs individuelles?

Les familles des victimes mettent, elles, en cause le manque de précautions prises par le groupe sur ce site classé Seveso, seuil haut, là où un accident pourrait entraîner des conséquences immédiates de grande ampleur. Le système avait été stoppé deux jours plus tôt en raison d'orages. L'explosion était elle survenue au moment du redémarrage. Le directeur de la sécurité du groupe Total d'alors, Jean-Marc Jaubert, avait expliqué que le vapocraqueur n°1, pourtant rénové en 2001, avait connu "un incident électrique" dû à des orages et qu'il était "en phase de redémarrage" au moment de l'accident.

"Depuis six ans, le discours de Total est de dire 'ce n'est pas notre faute, ce sont des erreurs de différents employés'", explique Me Honegger.

Ce terrible 15 juillet 2009 raisonne encore plus douloureusement pour la famille de Maximilien Lemerre. Le jeune homme de 22 ans était apprenti en formation sur ce site Total. Mais c'est lui qui a eu la lourde tâche de relancer l'opération de vapocraquage avant que l'explosion ne se produise. Originaire de Cherbourg, dans le Calvados, sa famille était justement venue lui rendre visite ce jour-là. Avant d'apprendre le décès de leur fils à la télévision.

Justine Chevalier