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Police-Justice

Exhibit B: les associations déboutées de leur demande de suspension

Depuis son installation au "104", la représentation "Exhibit B" n'a cessé de faire polémique. Mais la justice a débouté des associations qui souhaitaient l’interrompre.

Depuis son installation au "104", la représentation "Exhibit B" n'a cessé de faire polémique. Mais la justice a débouté des associations qui souhaitaient l’interrompre. - Martin Bureau - AFP

Plusieurs associations ont souhaité voir suspendu le spectacle "Exhibit B", présentant douze "tableaux vivants" dénonçant l'histoire coloniale, que certains jugent racistes, actuellement présenté au théâtre 104 de Paris. La justice en a décidé autrement.

La justice a tranché. Mardi,les associations ont été déboutées de leur demande de suspendre le spectacle "Exhibit B", qu'elles jugeaient raciste. La justice a estimé au contraire que cette exposition "ne porte pas atteinte au respect de la dignité de la personne humaine".

Dans son ordonnance transmise par le tribunal administratif, le juge du référé-liberté a souligné que la mise en scène de Brett Bailey s'inscrivait certes, "au plan formel, dans une certaine continuité avec les 'zoos humains' présentés à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle".

Mais "la représentation artistique en cause a pour objet de dénoncer, sans ambiguïté, l'asservissement des populations noires lors de la période coloniale ainsi que des traitements contraires au principe de respect de la dignité humaine ou aux droits de l'homme dans le monde contemporain", poursuit l'ordonnance.

Un spectacle qui ne porte pas atteinte à la dignité de la personne humaine

Dans ces conditions "la représentation artistique 'Exhibit B', alors même qu'elle peut être perçue par les spectateurs ou ses détracteurs comme suscitant, du fait des spécificités de la mise en scène et des sujets abordés, une très forte émotion, ne porte pas atteinte au respect de la dignité de la personne humaine", selon le texte.

Le tribunal avait été saisi en référé par le Centre Dumas-Pouchkine des diasporas et cultures africaines, l'Alliance noire citoyenne et l'association L'Amozaïk notamment, qui demandaient la suspension de l'installation du sud-africain Brett Bailey.

"L'exercice de la liberté d'expression et de la liberté de création est une condition de la démocratie et l'une des garanties du respect des autres droits et libertés", rappelle également l'ordonnance.

Douze tableaux vivants

"Exhibit B", dénonciation de l'histoire coloniale à travers douze "tableaux vivants" évoquant les "zoos humains" de la fin du XIXe siècle, doit être représenté au théâtre Centquatre, dans le 19e arrondissement de Paris, jusqu'à la fin de la semaine. 

Lors de l'audience, l'avocat des associations, Me Hosni Maati, avait assuré "ne pas être contre la liberté d'expression". "Mais des descendants d'un crime contre l'humanité sont heurtés qu'à nouveau on veuille les représenter dans une position d'animaux", avait-il affirmé.

Pour sa part l'avocat de la ville de Paris, Me Régis Froger, avait soutenu qu'aucune "chosification" n'était mise en oeuvre dans le spectacle. "On ne peut pas réserver la dénonciation des souffrances à ceux qui en ont fait l'objet. Ils n'en ont pas le monopole", avait-il ajouté.

Une exposition annulée à Londres

L'exposition a déjà suscité des manifestations la semaine dernière devant le théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis. Mais une large partie des associations anti-racistes, comme la Ligue des droits de l'Homme ou le Mrap, ont clairement pris sa défense. A Londres, l'exposition avait été annulée en septembre devant les protestations.

Jé. M. avec AFP